Une voyante extra-cupide

Publié le
Jean-Louis GALAMEL.

Durant plusieurs années, Yolande Blanquet tenait un cabinet de voyance clandestin à Albi, qui rapportait gros, et cumulait ces gains avec des allocations chômage. Mais, elle n'avait su prévoir, dans sa boule de cristal, les ennuis judiciaires qui lui ont valu, hier, d'être condamnée à un an dont trois mois fermes.

Poursuivie pour escroquerie et travail clandestin, Yolande Blanquet, 43-ans, n'a pas souhaité assister à son procès, hier après-midi, devant le tribunal correctionnel d'Albi. «Je n'arrive pas à trouver le courage nécessaire pour me présenter devant vous» a-telle écrit au président du tribunal, tout en indiquant qu'après avoir subi un redressement fiscal, elle était aujourd'hui au Rmi et qu'elle «désirait repartir sur de nouvelles bases».

Ancienne secrétaire dans un cabinet d'avocats, licenciée pour faute professionnelle, elle décide d'exploiter ses dons de guérisseuse et ouvre un cabinet de sciences occultes à Albi dès 1993. Son penchant pour l'occultisme la conduira même jusqu'à oublier de déclarer son activité auprès des organismes sociaux qui se retrouvent aujourd'hui au banc des parties civiles. Et l'Urssaf qui lui réclame 41.169-F n'est pas seul à lui présenter l'addition. Les Assedic, représentés par le bâtonnier Jean Colomes, sont aussi là pour réclamer 97.000-F pour les allocations chômage qu'elle a perçu entre juillet-93 et juillet-95. Car la voyante s'était, durant ces années, inscrite au chômage. Elle aurait même perçu en tout 176.000-F d'indemnités jusqu'en 1998, date à laquelle les gendarmes d'Albi ont mis le nez dans ce drôle de marc de café. Pourtant, son activité occulte lui procurait par ailleurs des revenus conséquents.

400 à 5.000 F par consultation

Des petites annonces, parues dans des journaux gratuits, vantant ses dons de «voyante- guérisseuse» capable «d'éviter les divorces» mais aussi de guérir certaines maladies ou de sevrer les fumeurs ou les alcooliques, lui permettrons de recruter sa clientèle. Certains seront satisfaits, d'autres particulièrement mécontents des prestations offertes, surtout lorsque la séance d'occultisme coûte de 400 à 5.000-F ! Bien sûr, toujours en liquide. Parfois, la consultation se faisait par téléphone... Parmi ces clients, six personnes psychologiquement très vulnérables se laisseront piéger en acceptant des prestations totalement stéréotypées mais facturés au prix fort. Certain ne laisseront 2.000 ou 4.000-F d'autres 45.000-F et même pour l'un, 85.300-F à la voyante qui aurait ainsi encaissé, de façon occulte, 190.950-F en 1997 et 257.280-F en 1998. «Si Yolande Blanquet est poursuivie, ce n'est pas parce qu'elle est voyante ! Mais le parquet poursuit les voyantes qui commettent des escroqueries» souligne Olivier Couvignou, représentant le ministère public qui requiert 3-mois de prison ferme contre la prévenue absente qui écopera finalement d'un an de prison dont 9-mois avec sursis et mise à l'épreuve avec obligation d'indemniser ses victimes.

Yolande Blanquet devra verser notamment 87.000-F aux Assedic et 41.000-F à l'Urssaf.

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