Job : la direction déclare la cessation de paiement

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La Dépêche du Midi

Les actionnaires et la direction de Scheufelen ont constaté, hier, l'état de cessation de paiement de la société Job. La filiale toulousaine du papetier allemand accuserait une perte de 24 MF liée aux coûts croissant de la pâte à papier. Une réunion extraordinaire se déroulait hier soir.

Job a déjà perdu une bataille en 1995 mais pourrait bien en perdre une deuxième. Réuni ce vendredi à Lyon, le conseil d'administration du papetier allemand Scheufelen a constaté l'état de cessation de paiement de la société qui accuserait des pertes d'exploitation de l'ordre de 24-MF. Le site toulousain des Sept-Deniers dont l'histoire se confond dans le mouvement social de ces dernières années, est à nouveau au bord d'une crise aiguë qui pourrait bien lui être fatale. Rainer Weiss, PDG de Scheufelen, et Alain Cazanobès, directeur général de Job Scheufelen, ont cosigné une lettre adressée, hier, à l'ensemble du personnel. Une note d'une volontaire concision, qui renvoie à toutes les incertitudes quant à l'avenir de l'usine et ses 169-ouvriers.

Voilà des années que la rumeur d'un démantèlement accompagne la vie des salariés, alors que, depuis son rachat en 1995, l'usine n'a fait qu'accroître sa productivité. Job serait ainsi passé de 25.000-tonnes de bobines de papier, en janvier 1996, à 36.000-tonnes cette année.

Client et fournisseur

Dans ces conditions, on peut s'étonner que l'usine connaisse de telles difficultés financières alors que son produit fini, du papier couché classique, trouve des débouchés naturels dans l'imprimerie de luxe, notamment pour la confection d'affiches ou de plaquettes pour l'industrie automobile (dont Mercedes).

Scheufelen dont le siège allemand se situe à Lenningen est à la fois le client et fournisseur de Job Toulouse. En réalité, cette croissance non démentie reste fortement tributaire du marché très instable et cyclique de la pâte à papier qui, à l'égal du baril du pétrole, obéit à des cours mondiaux dont la maîtrise échappe totalement à la branche papetière. A ce phénomène, s'ajoute le cours du dollar, seule monnaie de référence puisque même la cellulose achetée à Saint-Gaudens est payée en billet vert.

«Une stratégie de-groupe»

Les syndicats qui se sont peu manifestés ces temps-ci, attendent, pour s'exprimer, l'assemblée générale du personnel prévue lundi, de 10-h à 12-h. Une réunion qui précède la tenue d'un comité d'entreprise organisé ce mardi, à 14-h, en salle de direction. Le conseil d'administration est composé des actionnaires, de la direction, des commissaires aux comptes et de deux représentants de salariés dont le rôle se limite à observer.

Pour l'heure, le secrétaire du CE, Philippe Moitry, lit dans la décision des administrateurs une stratégie non dissimulée de fermeture du site de Toulouse pour rapatrier la totalité de la production en Allemagne. Selon les syndicats, une hausse de 1-franc du kilo de papier payé par Scheufelen à sa filiale Job, permettrait pourtant d'effacer le déficit.

Quoi qu'il en soit, la décision du conseil d'administration doit maintenant passer par le tribunal de commerce. Mais Job mobilise déjà l'attention des élus. Hier, le conseil municipal de Toulouse a tenu à «renouveler son engagement pour le maintien et le développement de l'activité du site».

Jean-Marie DECORSE


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