Montpellier: les viticulteurs voient rouge

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La Dépêche du Midi

Plus de 700 viticulteurs selon les organisateurs, 500 selon la police, ont manifesté hier après-midi à Montpellier pour obtenir des « mesures exceptionnelles » face à la mévente de leurs vins.

Les viticulteurs, venus de l'Hérault, du Gard, de l'Aude et de la Drôme, se sont rassemblés dans le calme devant la préfecture avant que quelque 150 d'entre eux se rendent dans un supermarché où ils ont cassé des bouteilles de vins de différents pays de la communauté européenne (VDPCE), dont ils contestent la qualité et le manque de traçabilité.

Aucun des dirigeants syndicaux qui avaient appelé à manifester « dans la dignité », n'était présent sur les lieux et la police n'a procédé à aucune interpellation.

Le 1er août, lors d'une précédente manifestation, des viticulteurs avaient saccagé les locaux de la Direction régionale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DRCCRF) de Montpellier et occupé des péages sur l'autoroute A9 dans l'Hérault et dans l'Aude.

Devant la préfecture, Denis Verdier, président de la Confédération des coopératives vinicoles de France (CCVF), a affirmé: « Nous ne souhaitons pas qu'il arrive un jour à notre filière ce qui est arrivé à une autre », faisant référence aux VDPCE et au problème lié à la vache folle.

Pour sa part, Jean Huillet, président du syndicat des vignerons des caves coopératives de l'Hérault, a souligné: « cette manifestation est un nouveau et dernier signal d'alarme aux pouvoirs publics ».

Jean Huillet, qui refuse de « revivre la crise et les violences viticoles des années 70 », estime que la profession fait « face à un problème structurel ». « Nos marchés habituels se ferment, américain et britannique notamment, et nous devons lutter contre des importations frauduleuses » de VDPCE, a-t-il expliqué.

Les viticulteurs estiment que plus de 100.000 hectolitres de VDPCE transitent chaque semaine par le port de Sète et sont vendus entre 1 et 2 F le litre. Ils affirment ne pouvoir céder leurs vins moins de 3 F en raison des charges fixes de leurs exploitations.

Ils exigent en outre que la provenance des VDPCE soit indiquée sur les bouteilles pour ne pas concurrencer leur production.

Face à la mévente de leurs vins de tables et de pays, estimée à 40 % de la récolte 1999 pour l'Hérault, le Gard et l'Aude, les viticulteurs de ces départements réclament la distillation de 2,5 millions d'hectolitres sur les 10 millions stockés dans leurs caves à quelques jours des vendanges.

Ils sollicitent une distillation au prix de 24-25 francs le degré hecto, soit « le prix du coût de revient », alors qu'en application des normes européennes le gouvernement français leur propose, selon eux, 16,30 F.

Au cours d'un entretien à la préfecture, à l'issue de la manifestation, les viticulteurs ont eu la confirmation que leurs représentants seraient reçus le 25 août à Paris par le ministre de l'Agriculture, Jean Glavany.


Le sommelier de « l'Amphitryon » a choisi...

Lors d'une dégustation, « à l'aveugle », effectuée, hier, à l'Amphitryon, une des meilleures tables du Grand-Toulouse, le chef-sommelier de l'établissement, Eric Bladou, s'est livré au test.

Première carafe (1): « Ce vin présente une robe limpide, d'un joli rose, assez soutenu... Le cépage est haut en couleur. On dénote un nez intense avec une pointe d'abricot et un parfum de paille... Intéressant en bouche. Ample, même ».

Carafe n°2: « D'une robe plus orangée, il exhale beaucoup plus de notes florales. Comme une pointe de fraîcheur. Ce vin évoque tout ce qui touche aux fleurs blanches. Il en vient également une impression très agréable en bouche. Il a même une '' bonne'' longueur. C'est un vin qui a un bon goût. De plus, il présente une réelle et belle acidité de celles qui appellent la fraîcheur, propre au bon rosé ».

En conclusion, « les notes florales » l'ont nettement emporté devant « l'abricot au parfum de paille ». En clair, la carafe n°2 n'a laissé aucune chance à sa rivale.

Recueillis par Michel JAMMET.


______ Carafe n°1: Vin sélectionné de la communauté européenne, dénommé « Rosefeuille » (11 °).

Carafe n°2: Vin originaire de Sallèles-d'Aude et commercialisé sous l'étiquette « La Villageoise » (12°).

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