La mode des «hypertypes», un fléau pour les chiens

Le mal du siècle pour certaines races de chiens ? Derrière des looks « amusants », la tendance consistant à accentuer les caractéristiques morphologiques comme le museau raccourci ou la longueur du corps des chiens génère beaucoup de souffrance. On commence même à parler de maltraitance génétique.

En Norvège, début 2022, le gouvernement s’est prononcé pour l’interdiction de l’élevage des Cavaliers king Charles comme celui-ci, apprécié - et reproduit- pour sa toute petite tête, au point de fragiliser sa santé. (Petter Berntsen / AFP)
En Norvège, début 2022, le gouvernement s’est prononcé pour l’interdiction de l’élevage des Cavaliers king Charles comme celui-ci, apprécié - et reproduit- pour sa toute petite tête, au point de fragiliser sa santé. (Petter Berntsen / AFP)

    Carlin, Bouledogue français, Cavalier King Charles, Teckel… parmi les chiens préférés des français ? Oui ! Pour le meilleur, mais malheureusement pour le pire aussi. Les effets de mode n’ont jamais été bénéfiques pour l’espèce canine ces dernières décennies. Afin de satisfaire une demande excessive pour une race de chiens, la production s’intensifie, chez les éleveurs ou les particuliers, faisant fi de la consanguinité. Mais surtout, on fait rentrer dans les schémas de reproduction des individus aux caractéristiques morphologiques poussées à l’extrême pour coller aux tendances actuelles. Donnant ainsi naissance à ce qu’on appelle des hypertypes.

    Des teckels toujours plus longs et courts sur pattes, des cavaliers king Charles gardant toute leur vie une tête ronde et des yeux globuleux de chiot, des brachycéphales (regroupant tous les chiens à la face aplatie) avec le museau complètement effacé, ressemblant de plus en plus à un visage… humain. Mais derrière ces looks étranges et amusants au premier coup d’œil, se cache une vérité qu’on ne peut plus nier : la souffrance. Aujourd’hui, un grand nombre de bouledogues français doivent passer entre les mains d’un chirurgien vétérinaire qui va élargir les narines et réséquer le voile trop long du palais, pour que l’animal puisse juste… respirer correctement. Pour la plupart, leur vie avait déjà mal commencé : ils sont nés par césarienne, les femelles étant incapables de mettre bas seules. Les sharpei ou les bouledogues anglais ont trop de plis de peau sur leur corps, générant des infections cutanées chroniques. Les lévriers sont trop maigres ; les Saint Bernard doivent se faire opérer des paupières ; les carlins ne peuvent plus cligner des yeux ; et les teckels sont sujets aux hernies discales.