La triche, c’est les autres


LP/Infographie (Mauritius/Photononstop.)

    Sacrés Français ! Toujours prompts à s'offusquer des pratiques douteuses de leurs voisins, sans pour autant être vertueux... La fraude fiscale n'échappe pas à la règle. Pour neuf Français sur dix, elle constitue un problème important qui nuit à l'économie, selon le sondage Odoxa réalisé pour « le Parisien » - « Aujourd'hui en France ». Une écrasante majorité pense qu'elle n'est pas assez sanctionnée ni suffisamment traquée (83 %). Alors qu'à ses yeux, c'est une pratique immorale (81 %).

    C'est mal, mais...


    Et pourtant... quand il s'agit de leur propre cas, le jugement des Français change. Chercher par tous les moyens à payer moins d'impôt, quitte à employer des moyens illégaux ? Pourquoi pas ! S'ils avaient beaucoup d'argent, 78 % des sondés pensent qu'ils chercheraient à exploiter toutes les failles du système fiscal pour réduire le montant de la douloureuse. Plus surprenant, ils ne sont que 52 % à être certains de ne pas recourir à l'évasion fiscale s'ils étaient suffisamment riches. « C'est ce rapport très ambivalent des Français à la fraude qui rend si compliquée la lutte contre ces pratiques », analyse Gaël Sliman, d'Odoxa. D'autant que la majorité a déjà enfreint les règles fiscales. 53 % des sondés avouent avoir payé au noir des travaux, c'est-à-dire sans déclarer ni payer la TVA. Cette pratique est répandue dans toutes les catégories : chez les jeunes (51 %) comme les plus âgées (52 %), les hommes (53 %) comme les femmes (53 %), les cadres (57 %) comme les ouvriers (55 %).

    Un rapport ambigu à la fraude donc, qui semble expliquer la mansuétude accordée par les électeurs à certains politiques pris la main dans le pot de confiture. Certes, la plupart des Français ne pourraient jamais voter en faveur d'un candidat corrompu. Il n'empêche : 21 % pourrait le faire pour quelqu'un de malhonnête, « parce que le plus important reste son efficacité en tant qu'élu ».