Avec les pompiers de La Courneuve

Avec les pompiers de La Courneuve

    A peine éteint le feu d'une Laguna blanche devant la barre Balzac aux 4 000 à La Courneuve, le sergent-chef Sylvain Legal salue ses hommes : il est minuit pile, poignées de main, accolades, c'est l'heure de la nouvelle année. Les cinq pompiers rejoignent la caserne. Concert de klaxon dans la rue. En chemin un cycliste leur fait signe. Tout juste rentrés, ils partent sur un autre incendie, à Saint-Denis-Floréal, puis un autre à La Courneuve, pour une voiture en feu dans une rue pavillonnaire. A partir de minuit, les appels sont plus nombreux.

    Pour tous, la nuit sera longue. « Quoi qu'il arrive, on dort peu ou pas du tout, on est toujours sur le qui-vive jusqu'à 3 ou 4 heures », résume l'adjudant Christophe Boinville, qui dirige la caserne des pompiers de La Courneuve, où il fêtait cette nuit son deuxième réveillon. Il y avait bien quelques guirlandes donnant au réfectoire un air de fête, des huîtres aussi, et du foie gras donné par Carrefourâ?¦ mais peu de temps pour sabler le champagne.

    Renforts parisiens

    A la cuisine, quelques pompiers s'affairent à ouvrir les huîtres lorsque la sirène retentit. Charlène, cantonnée au standard, donne l'adresse aux trois camions qui partent pour un feu d'appartement, à Saint-Denis. L'incendie a pris au rez-de-chaussée d'un immeuble de trois étages. A la fenêtre tout en haut, une femme et trois enfants guettent l'arrivée des secours. Deux voisins qui ont fui le bâtiment par un muret sont pris en charge par un pompier, tandis que les autres, après avoir éteint les flammes, cassent à la masse les portes voisines où personne ne répond. « Il faut s'assurer que personne d'intoxiqué n'est à l'intérieur », explique un sapeur. Le colonel Jean-Claude Gallet, chef du premier groupement, qui dirige 1 800 hommes sur la Seine-Saint-Denis et le nord-est parisien, arrive pour saluer ses hommes. Le feu est éteint, rien ne brûle plus, les camions rentrent à la caserne. Jusqu'aux prochains appels. A 22 heures, les sirènes avaient retenti deux fois.

    « La Co », comme ils appellent leur centre de secours, c'est 64 pompiers pour 80 000 habitants, répartis sur La Courneuve, Saint-Denis et Dugny. Hier soir, Saint-Sylvestre oblige, il y avait plus de pompiers que pour une traditionnelle garde. Ils étaient 36 à être sur le pont, dont une dizaine de pompiers venus de Paris pour prêter main-forte, au cas où la nuit de réveillon tournerait au drame. Les violences urbaines ne sont pas le seul aléa. En cas de gel, des accidents peuvent être à craindre, ou encore des intoxications au monoxyde de carbone, voire alimentaires.