CONTRE : «Le problème des batteries n'est pas résolu»

JEAN SYROTA, spécialiste du secteur énergétique

CONTRE : «Le problème des batteries n'est pas résolu»

    Ancien PDG de la Cogema , le père de la chasse au gaspi dans les années 1970, Jean Syrota est actuellement président de la commission énergie du Centre d'analyse stratégique .

    Vous n'êtes pas convaincu par les véhicules électriques ?

    Jean Syrota. Non. Ces véhicules souffrent encore de nombreux handicaps. Le problème des performances de la batterie n'est pas résolu. Même avec le lithium, leur fiabilité et leur durée de vie ne sont pas suffisantes. L'autonomie n'est que de 100 à 150 kilomètres, à condition de ne pas utiliser les phares ou les essuie-glaces. Autre problème, avec une prise à 220 volts, il faut cinq à six heures pour recharger. Et surtout, son coût est très élevé : le double d'une voiture thermique comparable.

    Mais l'électricité n'est-elle pas plus propre que le pétrole ?

    Elle permet de diminuer notre dépendance vis-à-vis du pétrole. En revanche, si le bilan CO2 est bon en France grâce au nucléaire, ce n'est pas le cas en Allemagne, ni dans la plupart des pays de l'Union européenne, parce que l'électricité est produite avec du charbon et des hydrocarbures. Qu'on le veuille ou non, la meilleure énergie pour la voiture reste le carburant liquide. La consommation des véhicules thermiques peut être réduite de moitié. Si on propose un véhicule diesel avec les mêmes performances qu'un moteur électrique, sa consommation sera inférieure à trois litres aux cent kilomètres.

    Vous êtes donc contre tout développement dans ce domaine ?

    Non, car dans les centres-villes embouteillés, l'électricité est idéale. L'hybride est alors la meilleure solution, avec une autonomie en mode électrique de 20 à 40 kilomètres. La voiture tout électrique peut trouver une place comme petits véhicules urbains ou pour les flottes captives d'entreprises comme la Poste, qui disposent d'emplacements pour le rechargement. Mais je ne vois pas le nombre de voitures électriques en circulation dépasser 5 % du parc en 2030.