Des chiffres du chômage catastrophiques

L'espoir a été de courte durée. Après une baisse en janvier, le nombre de demandeurs d'emploi est nettement en hausse en février. Pis, le chômage des jeunes, qui était en recul, augmente à nouveau.


LP/Infographie.

    Nouveau coup dur pour le gouvernement de Manuel Valls, hier, le jour où les moins de 25 ans étaient des milliers à défiler dans la rue contre le projet de loi Travail (lire page 8). La tuile est tombée à 18 heures, au moment de la publication des chiffres du chômage. Balayée, oubliée, la baisse surprise du chômage de janvier (- 27 100). En février, le recul du mois précédent a fait place au boom des chiffres des demandeurs d'emploi inscrits en catégorie A à Pôle emploi : + 38 900 en France entière (+ 38 400 dans la seule métropole). Record inégalé depuis 2013. Avec en prime, un rebond du chômage chez les moins de 25 ans (+ 3 000), jusque-là épargnés par les sautes d'humeur continues des statistiques grâce, notamment, aux mesures dédiées aux jeunes.

    Dans un communiqué, Myriam El Khomri, ministre du Travail, a bien essayé de minimiser la mauvaise nouvelle, pointant un « mouvement de hausses et de baisses observées depuis neuf mois ». Signe, selon elle, d'une « reprise timide de l'activité économique ». Des éléments de langage bien difficiles à entendre à l'aune de tels chiffres. Et, même si le chômage s'est « quasi stabilisé depuis l'été 2014 », selon l'Insee, toutes les mesures engagées depuis le début du quinquennat de François Hollande n'ont jusqu'ici pas réussi à endiguer un chômage de masse, qui tutoie désormais les sommets, avec 3,6 millions de personnes sans emploi, et même 5,7 millions en comptant l'outre-mer et les personnes ayant une activité réduite. Preuve, s'il en est, que l'avenir n'est pas près de devenir radieux.

    Cette nouvelle explosion du nombre de demandeurs d'emploi était d'ailleurs prévisible. D'abord, le nombre de chômeurs n'a pas baissé deux mois de suite depuis février 2008. Ensuite, Pôle emploi, en février, avait mis en garde le ministère du Travail, le prévenant du danger de commenter l'embellie de janvier dernier en donnant de faux espoirs. Myriam El Khomri, y avait vu une « confirmation de la tendance ».

    La baisse avait en fait été faussée par le nombre « anormalement élevé des cessations d'inscription pour défaut d'actualisation », autrement dit des radiations administratives temporaires d'un mois. Résultat, les chômeurs qui avaient été désinscrits temporairement en janvier sont revenus gonfler les fichiers de Pôle emploi en février. Le même phénomène s'était produit en août 2013.

    Le bilan du chômage pour François Hollande est jusque-là désastreux. La courbe finira-t-elle par s'inverser d'ici à la fin 2016 ? L'Unédic anticipe un recul très limité en 2016 et 2017. L'exécutif met désormais en avant la réforme du droit du travail, qui « donnera plus de souplesse aux entreprises ». Mais l'impact espéré sur l'emploi risque d'être à plus long terme...