Le PDG qui veut rendre vos pots de fleurs intelligents

Cette pépite toulousaine vient de réaliser une levée de capitaux exceptionnelle de 100 Mâ?¬. Le rêve de son PDG, Ludovic Le Moan ? Faire communiquer les objets de la maison entre eux.

Le PDG qui veut rendre vos pots de fleurs intelligents

    Toulouse (Haute-Garonne)

    De notre correspondante

    « Je n'ai pas de modèle, mais je suis admiratif des entrepreneurs qui arrivent à créer un nouvel espace, à changer notre quotidien, confie Ludovic Le Moan. Bien sûr, des sociétés comme Google, Twitter ou BlaBlaCar en France me bluffent car ce sont des innovations majeures de notre époque. »

    Si ce Toulousain de 51 ans n'est pas encore connu du grand public comme l'un des patrons français à suivre, son entreprise, Sigfox, commence à intéresser sérieusement les investisseurs. En février, la société toulousaine, leadeuse mondiale de la connectivité des objets, a fait parler d'elle en réussissant une levée de fonds record de 100 Mâ?¬. Le credo de cette jeune pousse française, qui affichait 3 Mâ?¬ de chiffre d'affaires en 2013, consiste à connecter les objets de la maison en passant par de faibles fréquences, comme celle des télécommandes. Un pari audacieux à l'heure du haut débit. Par exemple, on peut connecter un conteneur de déchets pour indiquer son niveau de remplissage, les plantes pour savoir quand elles manquent d'eau ou encore recevoir une alerte quand la porte de son domicile est restée ouverte.

    Entrepreneur insatiable, Ludovic Le Moan affiche pourtant un parcours atypique. « Je suis titulaire d'un CAP de tourneur, mais je suis devenu ingénieur après maths sup-maths spé avant de travailler dans le codage, le software, raconte-t-il. Comme j'aime les challenges et apprendre, j'ai décidé de créer une boîte pour voir si je m'en sortais. » Après avoir fondé deux sociétés, cet autodidacte lance Sigfox. « En 2009, je cherchais avec mon associé, Christophe Fourtet, un ancien de Motorola, une technologie qui pouvait changer le monde, se rappelle Ludovic Le Moan. Personne ne croyait à l'époque dans les objets connectés alors que c'est un marché encore plus grand qu'Internet. Nous nous sommes investis tôt dans cette technologie, ce qui nous permet d'avoir une longueur d'avance sur nos concurrents. »

    Aujourd'hui, le réseau de Sigfox connecte déjà plus de 100 000 objets. Dans les cinq ans à venir, il doit s'étendre à 60 pays. Avec une couverture en France, en Espagne, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et bientôt aux Etats-Unis, sa récente levée de fonds permettra à Sigfox d'accélérer son déploiement en Europe, en Asie ainsi qu'en Amérique du Nord et du Sud.

    « Depuis deux ans, nous accentuons le rythme de notre développement car il ne faut pas s'endormir sur nos lauriers, assure Ludovic Le Moan. C'est un marché colossal, aux applications gigantesques ! » Lors du voyage de François Hollande aux Etats-Unis, le patron de Sigfox a même convaincu Anne Lauvergeon, l'ex-présidente d'Areva qui était aussi dans l'avion, de s'investir dans l'entreprise. Aujourd'hui, elle est la présidente du conseil d'administration de Sigfox. Malgré le succès de son entreprise qui vise une entrée en Bourse en 2016, ce patron passionné d'astrophysique fourmille d'énergie et d'idées : « Un jour, j'aimerais bien tenter quelque chose dans les sciences du vivant, un domaine qui me fascine. »