Sarkozy prévoit une année difficile

Sarkozy prévoit une année difficile

    Attachez vos ceintures ! C'est en substance le message que Nicolas Sarkozy, visage plus sévère que d'habitude, a délivré hier soir aux Français lors de ses voeux du Nouvel An, retransmis par les télévisions et les radios (mais pas traduits en langue des signes pour les sourds et malentendants comme c'était pourtant prévu). Dans ce message de huit minutes, enregistré et non plus en direct, le chef de l'Etat n'a parlé, ou presque, que de la crise économique !

    Après une année 2008 « rude », il n'a pas caché qu'il y aurait l'an prochain du sang et des larmes. « Les difficultés qui nous attendent en 2009 seront grandes », a-t-il averti, plaçant d'emblée l'année qui démarre sous le signe de la bataille contre le chômage. « Ce sont les emplois de tous qu'il faut désormais sauver ! » a-t-il assené, solennel, debout dans la bibliothèque du palais (seule vraie nouveauté sur la forme), les mains rivées au pupitre et les yeux sur le prompteur, le buste immobile comme rarement.

    « Je ne laisserai pas les plus fragiles se débattre seuls »

    Sa prestation avait, il est vrai, été précédée mardi par l'annonce d'un bien piètre record avec la nouvelle hausse du chômage pour le mois de novembre (+ 64 000 chômeurs en un mois, du jamais-vu depuis quinze ans). Comme il l'avait fait dans son premier discours sur la crise à Toulon fin septembre, Sarkozy n'a pas hésité à multiplier les mots anxiogènes : « épreuve », « peines », « souffrance »â?¦ Les Français sont aussi prévenus : ils vont devoir se retrousser les manches. Il faudra « travailler plus », a clairement averti le président, sans évoquer à aucun moment de son intervention le pouvoir d'achatâ?¦ Enterré, le slogan « travailler plus pour gagner plus » de la campagne présidentielle ? L'Elysée avait promis la « vérité », c'est effectivement la douche froide !

    Mais une fois ce décor planté, Sarkozy a aussitôt enfilé son habit de « président protecteur ». « Vous pouvez compter sur moi », a-t-il promis aux Français, rappelant longuement toutes les « initiatives » qu'il a déjà prises à la tête de l'Union européenne, du plan de sauvetage des banques au sommet du G 20 à Washington. A ceux qui douteraient de son action, il a redit son « obsession des résultats » et laissé entendre qu'il pourrait encore renforcer son plan de relance de 26 milliards d'euros. « Les difficultés, nous avons les moyens de les affronter », a-t-il martelé, un peu plus positif. Mais, surtout, il a voulu faire passer le message qu'il ne laisserait personne au bord de la route, promettant d'agir avec « justice » et « solidarité ». Il a d'ailleurs rappelé que le revenu de solidarité active (RSA) serait mis en oeuvre au 1e r juillet pour les plus modestes. « Je ne laisserai pas les plus fragiles se débattre seuls dans les pires difficultés ! »

    Au final, pas un mot ou presque de la situation internationale, ni pour son futur homologue américain Barack Obama. Le président n'a évoqué que brièvement l'actuel conflit dans la bande de Gaza, pour confirmer qu'il se rendrait dès lundi en tournée au Proche-Orient . Manière pour lui de prolonger un peu l'aventure à la tête de l'Europe, dont il a rendu à regret les clés hier soir à minuit pileâ?¦