Si, les parents sont sévères

Selon une enquête que nous révélons, 84 % des parents des 6-12 ans avouent avoir recours aux punitions. Et 40 % n'hésitent pas à donner claque ou fessée.

Si, les parents sont sévères

    Oui, ils sont exigeants. Non, ils n'hésitent pas à punir. C'est un visage étonnant des parents que révèle une enquête passionnante menée par l'observatoire Approuvé par les familles auprès de 500 foyers, que nous publions aujourd'hui en exclusivité. Cette étude, réalisée à l'occasion du salon Kidexpo*, montre que, loin des idées reçues, 84 % ont recours aux punitions (contre 16 % qui affirment s'en passer).

    Voilà qui remet les pendules à l'heure face à ceux qui déplorent la perte d'autorité des parents...

    Autre enseignement : si les parents sont aussi stricts, c'est précisément parce qu'ils sont soucieux avant tout de l'équilibre personnel de leur enfant...

    Paradoxal ? « Pas du tout, rétorque Isabelle Mazarguil, créatrice du label Approuvé par les familles. S'ils assument leur sévérité, c'est qu'en contrepartie les parents se font aussi un devoir d'être très présents auprès de leurs enfants, de passer du temps et d'échanger avec eux. »

    Faire plaisir, sans oublier de sanctionner, dialoguer tout en exigeant le respect des limites, telles sont donc les priorités de cette nouvelle génération de mamans et de papas, qui avant tout cherchent des limites claires et structurantes pour leur progéniture et qui sont également en quête d'un nouvel équilibre au registre punitions.

    Précisément, comment sévissent-ils ? Là encore, les lignes bougent. Fini le « privé de bonbons » d'il y a trente ans face à un gamin bouillonnant, désormais, la sanction suprême, c'est « privé d'écrans » : on éteint la télévision (77,10 %), on confisque les jeux vidéo (79,40 %), on interdit l'accès à Internet (54,80 %) en mettant sous clé l'ordinateur. « Ici encore, les familles font preuve d'une certaine maturité. On est en présence de punitions utiles, décrypte Isabelle Mazarguil, on les prive de ce qui les rend passifs ou de ce qui est addictif. » En revanche, la technique de la « relégation » utilisée par nos aînés fonctionne toujours... Il y a ainsi le « file réfléchir dans ta chambre » (71,50 %), le recours au chantage (54,60 %) du type « si tu termines tes devoirs, tu pourras regarder Koh-Lanta » ou encore « on va finir par écrire au Père Noël ! ».

    Les corvées, elles, sont -- un peu -- moins prisées (53,20 %), ce que regrettent certains pédopsychiatres qui estiment -- à l'instar de Daniel Marcelli -- qu'elles peuvent avoir une vertu réparatrice, à la condition d'être intelligentes et correctement dosées.

    Mais, s'il est une punition qui résiste au temps, c'est la correction corporelle... 40 % des parents affirment donner la fessée ou une claque (contre 60 % jamais). Certes pour la grande majorité (39,30 %), ce n'est que « de temps en temps ». Mais c'est encore trop, de l'avis de la plupart des professionnels de l'enfance que nous avons interrogés. Les châtiments corporels « ne sont en rien une méthode éducative », martèlent-ils à l'unisson. Sur ce plan-là, les parents français, contrairement à ceux des pays du Nord, n'ont pas toujours fait leur révolution.

    * Le salon Kidexpo réunit 300 exposants et offre de multiples ateliers pour les enfants, du jeudi 23 au lundi 27 octobre, au parc des Expositions, porte de Versailles, Paris (XVe). Gratuit pour les moins de 4 ans, 7 â?¬ de 4  à 14 ans, 13 â?¬ pour les adultes.