Premier moine Shaolin occidental, ce Troyen passé par « Incroyable Talent » raconte son parcours dans un livre

Mickaël Renaut, alias Shaolin YanYou, vient de sortir son autobiographie. Ou comment un jeune troyen, ancien champion de BMX, est devenu le premier Occidental à avoir été ordonné moine en 1 500 ans d’histoire du temple de Shaolin en Chine.

Lorsqu'il vivait dans le très fermé temple de Shaolin en Chine, Mickaël Renaut, alias Shaolin YanYou, a eu l'occasion de rencontrer Jackie Chan. /Mickaël Renaut
Lorsqu'il vivait dans le très fermé temple de Shaolin en Chine, Mickaël Renaut, alias Shaolin YanYou, a eu l'occasion de rencontrer Jackie Chan. /Mickaël Renaut

    Si vous êtes un téléspectateur assidu de l’émission « Incroyable Talent » sur M 6, son visage ne vous sera pas inconnu. Mickaël Renaut, alias Shaolin YanYou, est en effet venu sur le plateau lors de la dernière saison pour partager son savoir, notamment des arts martiaux. S’il avait suscité l’intérêt du jury, le montage de l’émission lui a laissé un goût amer, laissant entendre qu’il était profondément ennuyeux. « Je leur ai dit que c’était pour rendre hommage à mon maître décédé l’an dernier, ça n’a pas été diffusé », déplore-t-il.

    Et pourtant, l’histoire de Mickaël est passionnante. Aujourd’hui âgé de 42 ans, l’Aubois n’était pas prédestiné à devenir moine Shaolin, si ce n’est sa passion pour les arts martiaux. « Le judo et le Ju-jitsu » dès l’âge de 8 ans. Solitaire, fils unique, le jeune troyen se passionne pour le BMX jusqu’à devenir champion du Monde à Cologne en Allemagne. Victime d’une rupture des ligaments croisés en 2004, Mickaël se voit retirer son ménisque et perd toute chance de pratiquer un sport de haut niveau. « Pendant ma convalescence, je me suis intéressé à nouveau aux arts martiaux de mon enfance, et un jour, j’ai vu qu’à Paris il y avait un moine Shaolin, venu de Chine, qui donnait des cours et qui organisait des voyages de découverte ».

    Une vie en harmonie avec la nature, le corps et l’esprit

    Mickaël décide de partir avec lui. Un voyage qu’il considère comme une révélation : « Les temples dans les montagnes, ces toitures courbées, l’encens qui s’élève devant les bouddhas dorés, les moines qui récitent les sutras dans un calme profond, tout en pratiquant les arts martiaux avec une énorme puissance, l’alimentation, basée sur les vertus de ce qui compose les plats plutôt que le plaisir de la bouche… »

    Séduit par cette vie monacale, au milieu de la nature, en harmonie avec le corps et l’esprit, le jeune homme multiplie les allers-retours entre Troyes et Paris pour suivre les préceptes de ce moine. Sa détermination lui permet de se faire recommander au sein du temple. « Il est possible de le visiter, et d’aller dans des écoles à côté pour apprendre les arts martiaux, mais vivre à l’intérieur du temple, y avoir sa chambre, y loger, y être pleinement, j’étais le premier Français et aussi l’unique Occidental », souligne-t-il.



    En dehors de quelques rares séjours en France à Noël, celui qui se fait appeler Shi (pour le bouddhisme) Yan (pour la 34e génération de Shaolin) You (pour l’ami occidental) se redécouvre dans la vie au temple et la bienveillance de la culture asiatique. « On prend soin des uns des autres, on est très unis », loin de ce qui caractérise l’Occident d’aujourd’hui.

    Mickaël Renaut, alias Shaolin YanYou, vient de sortir son livre "Trois ans à Shaolin", édité par First Editions. LP/Jonathan Sottas
    Mickaël Renaut, alias Shaolin YanYou, vient de sortir son livre "Trois ans à Shaolin", édité par First Editions. LP/Jonathan Sottas

    Son quotidien est fait de réveils à 4h30 du matin, suivis, pendant une heure, de récitation de sutras : « c’est l’enseignement du bouddhisme, qui est de comprendre son fonctionnement psychologique. Commencer ses journées en se remémorant toutes ces connaissances permet de les vivre pleinement », souffle-t-il. Puis un déjeuner en silence avec tous les adeptes. « On s’ancre dans l’instant présent. Le matin, on mange des soupes de riz, légumes salés, très traditionnels, comme le faisaient les générations passées avant que le frigidaire et les grandes surfaces existent ».

    La suite de la journée est faite de pratique d’arts martiaux, « le kung-fu pour fortifier le corps », d’études du bouddhisme ou encore d’apprentissage de la médecine traditionnelle chinoise (l’acupuncture, les plantes, le relâchement musculaire…) pour soigner un corps meurtri par les exercices. Cette quête de spiritualité lui permet de se redécouvrir. « Mon maître Shi Yan Zhuang me donnait des explications qui chamboulaient mon esprit pendant plus d’une semaine, remettant en cause toutes mes conceptions, toutes mes visions. »

    « Être un pont entre l’occident et l’Orient »

    Mondialement connu, théâtre de nombreux tournages de films, le temple de Shaolin est régulièrement visité par des anonymes, des officiels, des célébrités. Mickaël Renaut, amoureux des films d’arts martiaux, a eu l’occasion de croiser l’acteur Jackie Chan lors des Jeux asiatiques. « J’étais impressionné de voir sa capacité à pratiquer les arts martiaux avec vivacité à 60 ans. Ça m’a fait comprendre qu’en continuant à m’entraîner, au fil des ans, je pouvais être encore en très bonne santé ».

    Accepté pour trois ans, Shi YanYou restera finalement cinq ans au sein du temple Shaolin avant de rentrer à Troyes en 2015. « Tout au long de mon séjour, mes maîtres me rappelaient que si j’étais là, c’était aussi pour un jour ouvrir un centre en France et partager cette culture, être un pont entre l’Occident et l’Orient ». Ce qu’on retrouve dans le centre de soins traditionnels chinois qu’il a ouvert à Sainte-Savine, dans l’agglomération troyenne, et aussi dans son autobiographie, « Trois ans à Shaolin », édité par First Editions (17,95 euros).

    « Quand je suis arrivé là-bas, je ne savais pas parler la langue. Je ne connaissais personne. Je ne savais pas comment on y vivait », rappelle-t-il. « Il a fallu tout reprendre de zéro. Et quand je suis rentré en France, pareil, je n’avais plus rien. Je me suis retrouvé à la rue avec une valise et quelques vêtements ». Ce qui n’a pas empêché Mickaël de devenir qui il est. « J’ai voulu démontrer à travers cet ouvrage que, quelles que soient nos difficultés, en persévérant, on peut y arriver ! »