Sécurité routière : un mouchard dans votre voiture

C’est l’une des mesures phares préconisées aujourd’hui par le Conseil national de la sécurité routière : généraliser l’installation de boîtes noires dans les véhicules neufs.

Sécurité routière : un mouchard dans votre voiture

    En matière de sécurité routière, il y a les annonces qui font plutôt consensus, comme la création d’une journée des victimes de la route, ou le recours aux éthylotests antidémarrage. Il y a les mesures qui fâchent, et ont peu de chances d’être adoptées par le gouvernement à la veille des élections municipales, comme la réduction des vitesses sur les routes secondaires. Et puis il y a les idées qui font débat, comme la généralisation dans les véhicules neufs de boîtes noires.

    Parmi les mesures proposées aujourd’hui par le Conseil national de la sécurité routière (CNSR) figure justement l’installation en série d’enregistreurs de données routières sur tous les véhicules européens. Les experts du CNSR souhaitent que la France porte ce dossier à Bruxelles.

    Calcul instantané de la vitesse, du temps de freinage… le CNSR estime que le recueil et l’analyse de ces données « contribueraient à une meilleure connaissance des mécanismes des accidents ». La boîte noire n’enregistrerait ni son ni image. Elle écraserait les données au fur et à mesure du trajet et ne les conserverait qu’en cas de choc. A raison de 30 secondes avant l’accident et de 15 secondes après.

    « Aux Etats-Unis, la quasi-totalité des véhicules en sont équipés », souligne Christophe Ramond, de l’association Prévention routière. « En donnant accès à l’ADN de l’accident, la boîte noire permet de mieux connaître le contexte de la collision et d’analyser les responsabilités, mais c’est aussi un élément préventif, car la présence de l’appareil modifie le comportement du conducteur », estime la présidente de la Ligue contre la violence routière, Chantal Perrichon. Fin 2012, la société Cofiroute avait testé le dispositif sur 20 de ses véhicules de fonction. Au bout d’un an, 56% des conducteurs déclaraient avoir changé leur façon de conduire, roulant moins vite et de manière plus apaisée.

    Mais la mesure ne fait pas l’unanimité. D’aucuns craignent que les compagnies d’assurances n’étudient les données de la boîte noire avant de décider si elles doivent rembourser un assuré à la suite d’un accident. Quant à l’avocat Eric de Caumont, spécialiste du droit routier, il ne supporte pas l’idée qu’on « introduise un mouchard au cœur de nos voitures ».

    QUESTION DU JOUR.