Volkswagen va avaler Porsche

Volkswagen va avaler Porsche

    Porsche a eu les yeux plus gros que le ventre. Le constructeur automobile voulait s'emparer de Volkswagen, c'est l'inverse qui pourrait se produire. Un conseil de surveillance marathon s'est conclu par la démission de Wendelin Wiedeking, le patron de Porsche qui souhaitait prendre le contrôle total de Volkswagen.

    Les deux constructeurs automobiles se dirigent désormais vers la création d'un groupe intégré. Volkswagen tient à son tour un conseil de surveillance jeudi pour décider du rachat des activités opérationnelles de Porsche.

    Porsche échoue à absorber VW

    L'organe de contrôle de Porsche s'est réuni mercredi près de Stuttgart en Allemagne. Après une nuit entière de débats, il a annoncé la démission de son patron Wendelin Wiedeking et celle de son directeur financier Holger Härter. Les dirigeants du groupe paient l'échec de leur stratégie de prise de contrôle de Volkswagen, premier constructeur automobile européen.

    Un pari très risqué. Porsche, bien qu'étant le fabricant le plus rentable au monde, est un petit groupe. Il vend près de 60 fois moins de véhicules que Volkswagen et son chiffre d'affaires est presque 15 fois inférieur. Pour monter au capital de VW à hauteur de 51%, la holding qui détient le groupe, Porsche SE, s'est lourdement endettée. Wendelin Wiedeking voulait même acquérir 75% du capital de VW. Mais avec la crise, Porsche doit payer d'importants intérêts alors que ses bénéfices se réduisent.

    10 milliards d'euros de dettes

    Pour éponger, du moins en partie, les dettes d'environ 10 milliards d'euros du groupe, le conseil de surveillance a donné son feu vert à une entrée de l'émirat du Qatar au capital de Porsche. Il prévoit aussi une augmentation de capital d'au moins 5 milliards d'euros. Deux mesures défendues par Wendelin Wiedeking.

    L'objectif affiché est clair : «Poser les bases pour la création d'un groupe automobile intégré entre Porsche SE et Volkswagen AG», selon un communiqué. Le Land de Basse-Saxe (nord), actionnaire à hauteur de 20% dans VW, est favorable à ce scénario. En vertu d'une loi spécifiquement élaborée dans les années 1960 pour Volkswagen et remaniée depuis par le gouvernement allemand, les pouvoirs publics détiennent ainsi un droit de veto sur les décisions stratégiques du groupe.

    Guerre de clans dans la famille

    La position de Wendelin Wiedeking était devenue intenable. Une guerre de clans faisait rage depuis des mois entre Porsche et VW et au sein de la famille Porsche-Piëch, milliardaires propriétaires à 100% de Porsche SE.

    Wiedeking était notamment dans la ligne de mire de Ferdinand Piëch, petit-fils de Ferdinand Porsche (inventeur pour le régime nazi de la célèbre «Coccinelle») et président du conseil de surveillance de VW.

    Ils étaient opposés sur la structuration d'un groupe commun: Wendelin Wiedeking rêvait d'avaler VW puis a tout fait pour tenter de préserver l'indépendance de Porsche, quand Ferdinand Piëch militait pour une intégration des luxueuses voitures de sport au sein de VW.

    Scandale sur les indemnités du patron de Porsche

    Porsche aurait versé à Wendelin Wiedeking 50 millions d'euros d'indemnités de départ. Wendelin Wiedeking, réputé le patron le mieux payé d'Allemagne avec environ 80 millions d'euros l'an passé, a aussitôt précisé qu'il allait en dédier plus de la moitié à des Å?uvres sociales, notamment pour les salariés de Porsche et les «journalistes âgés dans le besoin». Mais la presse allemande parle de 250 millions d'euros, ce qu'a fermement démenti le constructeur.

    Jusque là pourtant, Wendelin Wiedeking, ingénieur de formation, jouissait d'un respect unanime pour avoir sauvé son groupe de la faillite en reprenant l'entreprise en 1993.