En route pour des courses durables et pas chères

La consommation responsable commence par ce que l’on met dans son panier. Mais il n’est pas toujours facile de savoir quels produits acheter pour prendre soin de sa santé et de la planète. Test grandeur nature…

Au moment de remplir votre chariot, n’oubliez pas les légumes de saison ! MAXPPP/IP3/Bruno Levesque
Au moment de remplir votre chariot, n’oubliez pas les légumes de saison ! MAXPPP/IP3/Bruno Levesque

Contenu en partenariat avec SODEXO

8h30, un vendredi matin de décembre. Une dizaine de chariots stationnent déjà devant l’entrée de cet hypermarché de la banlieue parisienne. Quand les grilles se lèvent, c’est la ruée dans les rayons. Panier à la main, on suit le mouvement, l’esprit concentré sur la mission : composer un panier de courses durable, à petit budget. On évite soigneusement le rayon des chips et des friandises pour aller explorer directement les étagères d’olives. Là, on ne trouve quasiment que des produits originaires du Maroc. Déterminée, on poursuit les recherches… jusqu’à tomber sur cette boîte d’olives noires de Provence. Le hic : elle coûte le double de la marque distributeur : 3,52 € contre 1,73 €.

Plus loin, on décide de demander conseil à une cliente, Tatiana, 80 ans, emmitouflée dans une ­doudoune. « Privilégiez au maximum les produits naturels et de la région », nous recommande-t-elle… tout en tenant dans ses mains un sachet de soupe industrielle. « Sans conservateur », s’empresse-t-elle de préciser, devant notre mine circonspecte. « Je vis toute seule, je ne suis pas bonne cuisinière, je trouve que c’est pratique et assez bon en goût. »

Tatiana n’a pas totalement tourné le dos à ses principes. Elle dit par exemple avoir renoncé aux avocats pour des raisons écologiques. « Ça me fait de la peine parce que j’adore ça, mais ils viennent de trop loin », insiste-t-elle. Quelques mètres plus loin, on croise Franck, un retraité de 61 ans, les yeux sur sa liste de courses. « J’essaie d’acheter en priorité ce qui vient du territoire, explique-t-il. Mais je n’ai pas le temps d’éplucher toutes les étiquettes. »

Une base de féculents avec des légumes

Nous voilà devant les légumineuses. Sur leur qualité ­nutritionnelle, pas de sujet. Les ­diététiciens le répètent : midi et soir, il faut avoir une base de féculents et/ou de céréales dans son assiette, accompagnés de légumes. Mais gare au côté pratique. On s’apprête par exemple à ­attraper un paquet de pois chiches secs quand on découvre qu’il faut les tremper ­douze heures ! On préfère donc opter pour la version en conserve, beaucoup plus rapide à préparer. Au passage, on ajoute un sachet de ­lentilles jaunes ­prêtes en 3 minutes et du riz complet de la marque ­distributeur.

Casquette sur la tête et ­petites lunettes sur le nez, Paul, un informaticien de 50 ans, glisse, lui, un paquet de blé précuit dans son ­chariot. « Ce que je déplore avant tout, c’est la surconsommation », témoigne-t-il. Les emballages aussi. « On produit mais on ne pense pas au recyclage. » Le vrac ? Il est évidemment pour.

Il est temps maintenant de penser aux protéines. On commence par les œufs. ­Bonne nouvelle pour la ­bientraitance animale : il n’y a quasiment plus que du « élevé en plein air » sur les présentoirs désormais. En revanche, entre le premier prix et le bio, le montant varie de 20 à 65 centimes l’unité. On choisit un intermédiaire : des œufs Label rouge à 43 centimes l’unité.

On suit la même logique pour la volaille. Ce ne seront pas les filets de poulet premier prix mais ceux de la marque distributeur qui, en plus d’être d’origine française, présentent une étiquette rassurante : « élevé sans traitement antibiotique, nourri sans OGM. » Pour le poisson, le choix est encore plus vite fait. La truite fumée de Bretagne est moins chère que l’équivalent élevé en Espagne. Côté fromage, on opte pour du Comté qui a l’avantage d’être une appellation d’origine protégée.

Attention à la sauce tomate

Le panier est presque plein. On a tout juste la place d’ajouter deux pommes, une botte de poireaux, un sachet de noix sèches de Corrèze et Dordogne, et direction les caisses. Au niveau du prix, le défi ­semble relevé : on s’en sort pour 34,84 €. Qu’en est-il sur le reste ? Notre panier est-il vraiment vertueux ? On a posé la question au nutritionniste Anthony Berthou, ­fondateur de l’organisme de formation Nutrition positive et auteur de « Traité de la pleine santé par l’alimentation ­durable » (Dunod). Son verdict ? « Il y a un manque de fruits et légumes de saison, pointe-t-il d’emblée. Il aurait été bon d’ajouter des brocolis, des endives, des poires… »

Carton rouge aussi pour la sauce tomate dont la composition n’est pas très recommandable. Sur la liste des ingrédients, on trouve du sucre, de l’amidon modifié… « Un concentré de tomates ou une sauce tomate simple aurait été préférable », souligne-t-il. Le gros point positif, en revanche, c’est la présence de céréales, d’oléagineux avec les noix, et de légumineuses. « À l’avenir, veillez simplement à privilégier du riz complet bio pour éviter la présence de pesticides, conseille-t-il. Pour limiter les déchets plastiques, on aurait aussi intérêt à opter plutôt pour du vrac. »

Concernant la viande, Anthony Berthou recommande le label Bleu, blanc, cœur, qui garantit un apport en oméga 3. Et pour le poisson, il aurait plutôt choisi des sardines en boîte. « Ça apporte beaucoup d’oméga 3 tout en étant très économique. » Quid du Comté ? « C’est un bon choix mais on aurait pu privilégier un fromage de chèvre, plus écologique que les produits bovins. »