Les retrouvailles des pêcheurs à pied pour la plus grande marée de l’année en Normandie

Avec un coefficient de 112, ce mercredi 22 février a vu la plus grande marée de l’année découvrir les plages normandes. À Bernières-sur-Mer (Calvados), les lointains plateaux rocheux ont offert un moment privilégié aux pêcheurs.

Des pêcheurs sur les plateaux rocheux à Bernières-sur-Mer lors de la plus grande marée de l'année. LP/Esteban Pinel
Des pêcheurs sur les plateaux rocheux à Bernières-sur-Mer lors de la plus grande marée de l'année. LP/Esteban Pinel

    Quelques silhouettes détourées sur fond d’un coucher de soleil doré. Alors que la mer recule sur la plage de Bernières-sur-Mer sur la côte de Nacre, les courageux avancent, le dos courbé à soulever les cailloux découverts par la marée, dans un cadre ravissant. « Le soleil se reflète dans les flaques et sur les algues. On ne voit pas ça quand on reste au bord. C’est magnifique », lance Gisèle, venue ce mercredi 22 février en milieu d’après-midi pour profiter de la plus grande marée de l’année. Sa première pêche de 2023, motivée par un coefficient de 112 qui découvre une « immensité ».



    Bien sûr, l’hiver est toujours là et éclaire un peu les rangs sur la plage. « Le froid et la pluie rebutent un peu », concède une habitante du secteur, qui fait également sa reprise en cette occasion, ravie de retrouver son « terrain de jeu ». Bernières-sur-Mer est connue pour ses plateaux rocheux. Les énormes coefficients de ces jours-ci rendent plus accessibles des zones plus lointaines, « moins exploitées », analyse Xavier. La veille, ce pêcheur chevronné est allé jusqu’à attraper un homard. Ramener de telles pinces est « exceptionnel. Mais ça, c’est arrivé aussi », confie notre habitante, les bottes plantées entre deux cailloux.

    Certains n'ont pas hésité à rester et profiter du spectacle jusqu'au soleil couchant.
    Certains n'ont pas hésité à rester et profiter du spectacle jusqu'au soleil couchant.

    Un autre pêcheur traverse la plage vidée de son eau d’un pas décidé. Tenue, équipement, tout y est. Pas même le temps de l’alpaguer qu’il file, sans ralentir, droit dans l’eau, dans des secteurs rocheux encore à moitié immergés. La chasse aux plus grosses surprises. Des tourteaux également, par exemple. Michel se souvient d’anciennes parties de pêche à titiller ce crabe costaud : « J’y allais à une époque. Il fallait mettre tout le bras dans l’eau sous les rochers. C’était froid ». Pour sa première sortie de l’année, la mission est plus raisonnable. « Aujourd’hui, ce sont les étrilles. Le coefficient découvre assez pour en trouver ». Bingo ! L’homme au ciré jaune en pêche une.

    «On profite de ce que la nature nous offre»

    À mesure que la mer se retire, ils sont plusieurs à se rendre sur les rochers, souvent chacun dans son coin. On est tout de même loin des vagues de pêcheurs amateurs lors des grandes marées pendant la haute saison. Malgré les vacances, les courageux du jour, des locaux, venus d’entre Caen et la côte, ne se marchent pas dessus.



    « On profite de ce que la nature nous offre. Moi je viens à la mer pour la mer, dit une pêcheuse. Regardez ce coucher de soleil ». Un œil vers le ciel, un autre vers le sable : « Les fonds marins ont bougé depuis ma dernière venue. Il y a eu des tempêtes ».

    Le terrain de jeu remue, rebat les cartes. Il ne cesse de s’agrandir alors que le jour tombe paisiblement. « Je vais rester jusqu’à la montante », assure Xavier. Pour les étrilles, une longue et salvatrice partie de cache-cache commence. La tombée de la nuit ne suffit pas à abréger la plus grande marée de l’année.