«Suzanna Andler» : grande Charlotte Gainsbourg

L’actrice interprète une femme riche et trompée dans le nouveau film de Benoît Jacquot, adapté d’une pièce de Marguerite Duras, en salles ce mercredi 2 juin.

«Suzanna Andler», une femme à la dérive trompée par son mari, incarnée par Charlotte Gainsbourg, grande actrice qui porte un grand texte de Marguerite Duras. Prod
«Suzanna Andler», une femme à la dérive trompée par son mari, incarnée par Charlotte Gainsbourg, grande actrice qui porte un grand texte de Marguerite Duras. Prod

    « Je ne savais pas que c’était aussi effrayant de ne plus aimer. » Une phrase forte comme une vague. Dite au bord de la mer, par Charlotte Gainsbourg, écrite par Marguerite Duras, filmée par Benoît Jacquot, qui adapte une pièce de l’autrice de « L’Amant ». Il n’est justement question que d’amant, tromperies, désillusions, révolutions dans « Suzanna Andler ».

    Charlotte Gainsbourg joue une femme très riche, qui ne travaille pas, et cherche une maison de vacances, une villa de rêve, sur la Côte d’Azur. La caméra ne les quittera jamais, l’actrice, la villa, la mer. Elle a une famille, prépare les vacances, mais pour garder quelles apparences ? Celle de son manteau de fourrure, son élégance extrême. Jean, ce mari absent, la trompe sans cesse, elle le dit, elle le sait, tout le monde le sait.

    On dirait du théâtre, sauf que sur les planches, on ne verrait jamais le visage de Charlotte Gainsbourg de si près, tout un alphabet du regard, de la voix, une grammaire d’une infinité d’expressions pour dire la lassitude, le vertige de la mort, le sursaut, la vie. Si quelqu’un doutait encore de sa capacité à tout jouer, « Suzanna Andler » devient par sa grâce un portrait de femme à la dérive dans la quarantaine, qui attend l’appel de ce mari désaffecté dont elle parle avec affection. Survient Michel (Niels Schneider), l’amant, son premier. Un révélateur, la possibilité d’un il, d’une autre vie. Lui n’a pas d’argent.

    Aux antipodes du vaudeville, « Suzanna Andler » a d’abord été une pièce féministe, comme le cri feutré d’une grande bourgeoise, en 1968. Riche ou pauvre, un même enfermement. Oui, ce film est lent. Oui surtout, une grande actrice y porte un grand texte. Fans de Charlotte Gainsbourg, ne passez pas votre chemin !

    LA NOTE DE LA RÉDACTION : 3,5/5

    « Suzanne Andler », drame français de Benoît Jacquot, avec Charlotte Gainsbourg, Niels Schneider… (1h31).