Des rires, des larmes, de l’humeur… c’était la dernière d’«On n’est pas couché»

Après 14 saisons, Laurent Ruquier a animé ce samedi soir sur France 2 la dernière émission d’«ONPC». Sans tambour ni trompette, mais avec des images d’archives à foison.

 Laurent Ruquier (à gauche) a pu compter sur les talents d’imitateur de Marc-Antoine Le Bret qui s’en est donné à cœur joie.
Laurent Ruquier (à gauche) a pu compter sur les talents d’imitateur de Marc-Antoine Le Bret qui s’en est donné à cœur joie. Document France 2

    Des rires, des larmes, de l'humeur et comme une impression de vide… C'était donc l'ultime émission d'« On n'est pas couché », qui tire sa révérence après 14 saisons sur France 2. Une dernière sur fond de brouille entre son animateur, Laurent Ruquier, qui a décidé d'arrêter, et sa productrice, Catherine Barma, qui a du mal à l'accepter.

    Barma, qui n'est pas revenue sur le plateau de l'émission depuis la reprise des tournages post-confinement et pour laquelle Ruquier aura été plutôt avare en mots, alors même qu'il a distribué les mercis à tout-va. A peine lâchera-t-il rapidement un « Catherine Barma, évidemment », tout en baissant la tête, en réponse à Jonathan Lambert, saluant et remerciant « la grande Cathoche! ». Pas plus.

    Autour de Laurent Ruquier, la journaliste et ancienne chroniqueuse de l'émission Léa Salamé - « qui reste ma chouchoute, d'abord parce que vous n'avez pas trop mal tourné par rapport aux autres », glisse l'animateur –, le dessinateur Philippe Geluck et une poignée d'invités venus pour leur actualité et raconter, pour certains, leurs souvenirs.

    Lambert, donc, tout autant témoin du bon temps, du temps béni d'une émission qui a depuis peu à peu décliné. Il aura durant quatre années enchanté les téléspectateurs avec ses personnages incroyables, le montage de ses prestations nous cloue de rire. A côté de lui, la jeune Lola Dubini, chanteuse et humoriste, le chanteur Amir, puis, dans un second temps le chanteur Mister Mat et le jeune rappeur Chiloo, ainsi que la romancière Saphia Azzeddine.

    Des disques, des livres, de la musique live, comme pour rappeler que « ONPC » n'était pas « qu'une émission de clashs et de polémiques, comme le souligne Léa Salamé, mais que c'était un show, on l'oublie ». Comme pour rappeler aussi qu'on y a découvert, poussé des artistes. « Pourquoi vous vous êtes fait chier avec des chroniqueurs pendant autant d'années ? Quand vous faites les interviews, ça va tout seul », remarque Geluck dans un trait d'humour après que Ruquier a mené l'entretien avec Saphia Azzeddine.

    De l'humour, il n'en manque pas sur le plateau - « cette émission m'a permis de sauter deux tranches d'imposition », lâche Lambert -, seulement l'ambiance manque un peu de chair, de consistance… En comparaison avec les images d'archives si pleines de vie, les applaudissements paraissent si frêles, si maigres à résonner dans le studio Gabriel vidé de son public. Un peu comme ces enterrements organisés pendant le confinement. Pas de première classe, il faut le dire, celui d'« On n'est pas couché » !

    Heureusement, il y a les magnétos! Et là, c'est la régalade. Les archives de l'émission fourmillent de pépites, de moments d'anthologies. Les prestations de Florence Foresti en Adjani, Céline Dion ou encore Paris Hilton, les chroniques piquantes et acerbes, si drôles, de Nicolas Bedos, les invités internationaux, encore, passés à la moulinette de chroniqueurs goguenards. Il faut (re) voir Eric Naulleau se payer la tête d'une jeune Lady Gaga effarée devant ce frenchy lui faisant la leçon.

    PODCAST. Clap de fin pour «On n'est pas couché» : retour sur 14 années de talk-show

    Viennent encore les disparus, à la manière des César ou des Molières, galerie d'invités illustres reçus par Ruquier et qui ne sont plus. Et qu'on ne compte plus. Anémone et Marie Laforêt, Maria Pacôme, Jean d'Ormesson, Michel Galabru, Jean-Claude Brialy, Guillaume Depardieu et Bernard Giraudeau, Jacques Higelin, Charles Aznavour ou encore Jean-Pierre Coffe… Et tant d'autres, tellement d'autres, la liste est longue.

    A la visionner, on prend la mesure du temps passé depuis la première en 2006. C'était avec Michel Polac, premier d'une longue liste de polémistes qui ont fait les belles heures de l'émission, une figure qui clôt la séquence émotion devant laquelle Léa Salamé ne parvient pas à retenir ses larmes.

    Les colères de Francis Lalanne, Cali…

    Mais ce que tout le monde attend, et Ruquier le sait, et le dit, ce sont les clashs, les éclats de voix, les invités qui claquent la porte. « On a pu réduire l'émission à cela, mais voilà, les clashs ça plaît et ça fait le buzz », glisse-t-il avant la séquence haute en couleurs. Du rouge, surtout, de la colère de certains, Francis Lalanne, notamment, hurlant sur Naulleau. Cali, vert de rage, debout sur le fauteuil à éructer. De la haine, blanche, dans les yeux de Mathieu Kassovitz face à Yann Moix, lançant « arrête de sourire ». Le rire jaune d'une Alessandra Sublet dont on assassine le livre… La peur bleue de la plupart des invités à passer devant ce « tribunal », comme le souligne Léa Salamé. Du dédain, enfin, celui de Patrice Leconte mouchant joliment Zemmour d'une fable imagée avant de s'éclipser…

    Des belles heures, des remous et des noms d'oiseaux pas volés dont on se repaît, avouons-le. « On en aura vu dans ONPC », souffle Ruquier. « C'est l'émission qui défendait la controverse », souligne Salamé comme elle l'aurait fait dans un hommage posthume.

    « Je dois dire que moi-même, j'avais un peu perdu le goût à ça, je ne suis pas mécontent de laisser ça à un autre », reprend Ruquier avant de lancer une ultime séquence riche en bonne humeur, en rires et en affection, belle succession d'images dont celle-ci, prise lors de la dernière de Léa Salamé déclarant : « c'est plus difficile de quitter Laurent Ruquier qu'un amoureux ». Serein, soulagé presque, le taulier, lui, raccroche le tablier sans plus d'émotion apparente. « A très bientôt sur France 2, bien sûr », lâche-t-il en clap de fin.