«Britney vs Spears» sur Netflix : c’est l’histoire d’une jeune femme qui a plus de paparazzis que d’amis...

La plate-forme met en ligne ce mardi « Britney vs Spears », un documentaire qui fait parler des proches de la star, alors que son père a enfin demandé d’être relevé de sa tutelle et que la décision du tribunal est toujours attendue.

Le documentaire sur Britney Spears (ici en 2016) raconte l’immense solitude de l’artiste et l’hypocrisie intéressée de sa propre famille.  Reuters/Eduardo Munoz
Le documentaire sur Britney Spears (ici en 2016) raconte l’immense solitude de l’artiste et l’hypocrisie intéressée de sa propre famille. Reuters/Eduardo Munoz

    Bien sûr, on sent la réalisatrice Erin Lee Carr et la journaliste Jenny Eliscu, qui signent ce documentaire « Britney vs Spears », totalement pro-Britney dans une empathie à l’américaine, Jenny Eliscu ne masquant pas ses larmes à un moment crucial du film. Mais elles ont travaillé à retrouver des proches de la chanteuse qui démontrent assez largement à quel point ces treize ans de tutelle semblent n’avoir plus eu aucun sens, pour une artiste de 39 ans qui n’a cessé de multiplier les tournées et les shows et d’augmenter son patrimoine depuis dix ans.

    Ce qui semble peu compatible avec l’état de « démence » qui apparaît dans la décision de tutelle. Le film sort alors que le père, Jamie Spears, nommé tuteur, vient de renoncer à ce rôle début septembre, accusé de toute part d’extorsion et pris pour cible par un mouvement populaire « Free Britney », « Libérez Britney ».

    La décision du tribunal de Californie de maintenir ou non une tutelle, même moins dure - celle-ci concernait son patrimoine mais aussi sa personne, l’artiste étant réduite à bénéficier d’argent de poche en guise de salaire, alors qu’elle a énormément enrichi tous ceux qui sont censés s’occuper de ses biens et de sa santé - n’a pas encore été prononcée.

    « Elle n’a jamais eu personne à qui faire confiance pendant son divorce »

    La qualité de ce film réside dans son approche de Britney Spears, enfin humanisée, filmée à ses débuts, superstar à 16 ans, qui se marie très tôt avec le danseur Kevin Federline, fait deux enfants, divorce deux ans après, et pète les plombs. Ce qui, au vu des images, n’a rien de si surprenant, quand on est suivi en permanence par une centaine de paparazzis. Le moment le plus fascinant, étonnant et touchant du documentaire consiste dans le récit de ses amours avec l’un d’entre eux, Adnan Ghalib, qui témoigne sans se mettre en avant.

    Britney a plus de paparazzis que d’amis. Alors elle finit par s’attacher à ce jeune homme, qui lui semble plus respectueux que d’autres. Et ce dernier, chasseur professionnel, se retrouve chassé à son tour. Il raconte les nuits d’affilée sans sommeil, les difficultés à gérer le quotidien, les excès de médicaments. Mais surtout l’immense solitude de l’artiste et l’hypocrisie intéressée de sa propre famille : « Elle n’a jamais eu personne à qui faire confiance pendant son divorce », explique Adnan Ghalib, et la pudeur de l’ensemble de ses propos le rend crédible.

    En 2008, l’interprète de « Toxic » commet l’erreur qui la plonge dans le chaos, en refusant de rendre ses enfants à son ex-compagnon pour son tour de garde. Les pompiers, la police et des dizaines de journalistes se massent devant son manoir hollywoodien. Son image en restera très longtemps brouillée.

    Une interview pathétique du psychiatre

    Son père entre en scène, décide de tout à sa place. Mais à l’évidence, la performeuse se reconstruit. Elle ne cessera jamais longtemps de travailler. Mais sa fortune intéresse trop de gens. Pathétique est l’interview impossible du psychiatre gériatre qui l’a examinée pour la tutelle, refuse de le confirmer tout en l’admettant à demi-mot en se laissant filmer. On comprend que cet homme chargé d’évaluer l’état de personnes âgées fait partie d’un système qui a brisé l’indépendance d’une chanteuse fragile, mais qui fait vivre un énorme entourage.

    D’autres proches, son ancienne assistante personnelle, sorte de « nanny » délicieuse, racontent une artiste ouverte, accessible, trop peut-être. Il y a à l’évidence eu d’énormes excès dans un système qui lui a interdit toute véritable liberté pendant treize ans de sa vie. On comprend surtout que Britney Spears n’a jamais joué le tout ou rien, demandant d’abord un assouplissement de la tutelle sur sa personne, pas sur son patrimoine.

    Elle voulait y aller pas à pas, mais ceux qui la protégeaient et se nourrissaient sur la bête - dont son propre père, qui a même fini par se fâcher avec son ex-gendre et ses petits-enfants, une décision juridique l’éloignant d’eux - ne voulaient pas lâcher un dollar. Triste histoire américaine. À l’aube de ses quarante ans, Britney Spears, qui n’a perdu ni aura ni crédit dans le showbiz, peut espérer retrouver sa liberté.

    LA NOTE DE LA RÉDACTION : 3,5/5

    « Britney vs Spears », documentaire américain d’Erin Lee Carr, 1h30.