Véronique Sanson : «Je ne pensais pas arriver à 70 ans»

La chanteuse fêtera son anniversaire ce mercredi sur la scène du Palais des Sports, à Paris. Elle nous a reçus vendredi chez elle pour parler de sa rémission, de sa tournée et… du mystérieux Henri.

 « Je n’ai jamais aimé les contraintes, les interdits, les tabous, le conformisme », confie Véronique Sanson.
« Je n’ai jamais aimé les contraintes, les interdits, les tabous, le conformisme », confie Véronique Sanson. LP/Philippe de Poulpiquet

    On mange les œufs bleus d'une poule chilienne, on boit du thé au beurre et on discute avec un pigeon miraculé du nom de « Loulou de Paris »… Rien d'étonnant. Nous sommes chez Véronique Sanson, à Triel-sur-Seine (Yvelines). Depuis son premier 45 tours, il y a cinquante ans, cette immense artiste ne fait rien comme les autres. Ce n'est pas maintenant qu'elle va rentrer dans le rang. À peine guérie d 'une tumeur cancéreuse sur une amygdale, qui l'a obligée à tout suspendre pendant huit mois, elle refume. « Plus que cinq cigarettes par jour et je les écrase vite, mais je n'ai jamais réussi à arrêter », reconnaît celle qui vient de repartir en tournée pour quatre mois et s'apprête à fêter son 70e anniversaire, ce mercredi, au Palais des Sports, et le 26 avril à 21 heures sur France 3. Rencontre pleine d'émotion et de rires.

    Vous allez avoir 70 ans ce mercredi. Qu'est-ce que ça vous inspire ?

    VÉRONIQUE SANSON. Ce n'est pas rien, 70 ans ! Quand j'étais gamine, cela me semblait archi-vieux. Je ne pensais pas y arriver. Je ne sais pas comment je suis encore là. J'ai eu un infarctus, j'ai été opérée de la carotide, j'ai une maladie génétique du sang qui ne coagule pas… Je suis une vraie de vraie survivante. Je suis pleine de gratitude envers la vie. Je remercie une espèce de puissance supérieure qui vous fait aller plus haut.

    Vous êtes remontée sur scène il y a 16 jours et avez donné trois concerts depuis. Comment était-ce ?

    Mieux que bien! Quand je suis sur scène, rien ne peut m'atteindre. J'étais tellement heureuse de retrouver le public, mon chez-moi qui est la scène, que j'aurais pu donner chaque soir deux concerts d'affilée. J'avais tellement envie de prouver à tout le monde que je pouvais le faire!

    Vous vous étiez préparée ?

    Pas du tout. Je suis une horrible paresseuse. Tout le monde me conseillait de faire du sport. Mais comme le dit Woody Allen : « Je préfère être atrophiée que faire du sport ». Et après le premier concert, je n'ai même pas eu de courbatures.

    Et votre voix est intacte !

    Je n'étais pas inquiète pour mes doigts, ils savent faire. Mais qu'est-ce que j'ai eu peur que ma voix ne suive pas. J'ai répété seulement deux jours et comme toujours, j'avais le trac. Mais par chance, mes cordes vocales n'ont pas été attaquées, ma voix n'a pas été touchée. Au contraire, ça l'a soignée, j'ai davantage d'aigus, j'ai un grain différent. J'avais l'impression de ne pas être la même chanteuse.

    Votre tumeur est-elle guérie ?

    On ne sait pas, vous savez, je suis extrêmement suivie. Mais j'ai fait tout ce qu'on m'a demandé pour guérir, six semaines de radiothérapie, et j'ai vu un coupeur de feu (NDLR : un magnétiseur) qui m'a évité des effets secondaires graves, comme une tache de vin dans le cou. C'est très important de le dire, les médecines parallèles sont complémentaires. Ce ne sont pas des charlatans.

    Vous avez dit récemment que vous avez payé une vie d'excès.

    Oui mais c'est comme ça. Je n'ai jamais aimé les contraintes, les interdits, les tabous, le conformisme. J'ai toujours fait le contraire de ce qu'on me disait. Je me suis mise en danger, mais j'adore le danger. Le cancer est un danger comme un autre. Vous allez me trouver dingue, mais j'ai été insouciante de ça. J'ai fait ce qu'on m'a dit de faire pour guérir, mais comme si de rien n'était.

    Par peur de la mort ?

    Non, je n'ai peur que de la mort douloureuse, souffreteuse… Quand on m'a annoncé mon cancer de la gorge, je me disais d'un côté : « C'est dans l'ordre des choses ». Et de l'autre : « Il y aura toujours quelque chose pour me sauver, dont Henri ».

    C'est qui Henri ?

    C'est mon ange gardien et il ne m'a jamais abandonné. Parfois je le prête à des gens qui en ont encore plus besoin que moi et cela marche. Henri est apparu quand j'habitais à Orgeval. Il ne parle jamais, mais je sais qu'il est avec moi. À Los Angeles, il a quand même réussi à faire tomber une armoire de livres. Cela va faire rire les gens, ils vont dire : « Elle est complètement chtarbée ». Mais les fantômes existent.

    Tout cela vous inspire-t-il de nouvelles chansons ?

    Juste des phrases, des refrains, des bouts de truc. Il ne faut pas écrire à chaud. Il y a trois jours, j'ai écrit une chanson, texte et musique. Après cette tournée, je referai un album et une tournée. Si Dios quiere (NDLR : si Dieu le veut).

    Vous êtes croyante ?

    Ah oui, mais je ne suis pas « égliseuse ». Je n'aime pas les religions. Sauf peut-être le bouddhisme, qui est plutôt une philosophie de vie.

    L'incendie de Notre-Dame de Paris vous a touchée ?

    Évidemment! Mais pas en tant que chrétienne, en tant qu'admiratrice d 'une architecture extraordinaire. Utiliser une forêt entière pour la charpente, c'est dingue. Ça fait de la peine, car j'y suis allée souvent, avec mon fils, (NDLR : le musicien Christopher Stills) quand il était petit, mes petites-filles, j'y ai emmené mes copains étrangers. Si l'on m'avait demandé, j'y aurais chanté avec joie.

    Pourquoi fêter votre anniversaire sur scène ?

    En fait, les anniversaires je ne m'en souviens jamais, sauf ceux de mon fils et de ma sœur. Si on ne m'avait pas envoyé des cartes, j'aurais même oublié le mien. Mais je me suis dit que ce coup-ci ce serait super-chouette de le faire. J'avais fêté mes 40 ans et j'ai adoré, c'était classe. Et 70 ans, c'est hyper classe. Vous me trouvez vieille ?

    Véronique Sanson, en concert ce mercredi, vendredi et samedi au Palais des Sports de Paris. Et le 3 mai à Toulouse, le 4 à Pau, le 9 à Montpellier.