Patrimoine dans le Val-d’Oise : le Vexin, un écrin de verdure chargé d’histoire

Au cœur du parc naturel régional du Vexin français, dans le Val-d’Oise, Wy-dit-Joly-Village et ses voisins Guiry et Théméricourt offrent des balades chargées d’histoire.

 Balade dans les rues de Wy-dit-Joly-Village (Val-d’Oise), bordées de maisons en pierre et de jardins fleuris.
Balade dans les rues de Wy-dit-Joly-Village (Val-d’Oise), bordées de maisons en pierre et de jardins fleuris. LP/Aurélie Ladet

    Il y a des endroits comme ça. Où il suffit de creuser le sol pour trouver des traces du passé. Le Vexin en est un. Et particulièrement la vallée de l'Aubette, entre Cergy et Magny-en-Vexin, au nord ouest de la capitale. Là, dans cette magnifique campagne vallonnée aux airs de Toscane, les vestiges archéologiques sont partout.

    À Wy-dit-Joly-Village, on trouve des traces de présence humaine dès le néolithique. On sait aussi que les Romains occupaient les lieux, grâce à une découverte exceptionnelle. En 1976, Claude Pigeard, ferronnier d'art et collectionneur, décide d'agrandir sa grange pour y aménager son futur musée de l'Outil.

    Surprise : il tombe sur des thermes gallo-romains, où l'on distingue encore les trois salles, chaude, tiède et froide. « Le système de chauffage par le sol, appelé hypocauste, est encore bien visible », indique Marie Legrand, responsable de la communication aux deux musées départementaux du secteur, archéologique et de l'outil. Une merveille pour les archéologues qui viennent fouiller le site et découvrent également des objets d'époque.

    Des objets de la vie quotidienne, bijoux, pièces de monnaie romaine ont été retrouvés dans la vallée de l’Aubette. LP/Aurélie Ladet
    Des objets de la vie quotidienne, bijoux, pièces de monnaie romaine ont été retrouvés dans la vallée de l’Aubette. LP/Aurélie Ladet LP/Aurélie Ladet

    Et le curieux nom de la commune qui fait sourire le visiteur ? Il sera donné bien plus tard. La légende l'attribue au roi Henri IV. Au retour d'une partie de chasse, le monarque serait passé dans la bourgade et se serait exclamé : « Quel joli village ! ». C'est resté. Si c'est vrai, il ne s'est pas trompé. On flâne avec plaisir dans ces ruelles paisibles, presque endormies, bordées de jolies maisons de pierre aux jardins fleuris.

    30 000 pièces de la préhistoire à nos jours

    À quelques kilomètres de là, on se plonge de nouveau dans l'histoire, en arrivant à Guiry-en-Vexin, tout aussi charmant. Ici, l'archéologie est une affaire de passionnés. Nous sommes en 1953. André Huppe, maire de Guiry et agriculteur, laboure son champ. La machine vient buter sur un objet en pierre. Il s'agit en fait d'un sarcophage mérovingien.

    Un sarcophage mérovingien. LP/Aurélie Ladet
    Un sarcophage mérovingien. LP/Aurélie Ladet LP/Aurélie Ladet

    Avec d'autres habitants du village, il devient fou d'archéologie et passe son temps libre à fouiller les terres du Vexin. Car il y a de quoi faire. « Le territoire a toujours été fréquenté. Il y a des vallons, une rivière et nous sommes à côté de la chaussée Jules César, un axe de passage important qui reliait Paris à Rouen », analyse Marie Legrand.

    En 1955, un premier musée associatif est créé dans les locaux de la mairie. La collection s'agrandit au fil des découvertes qui se poursuivent dans le secteur : des pièces de monnaie romaines, des enduits peints, des fioles, bijoux, outils. Mais aussi des objets plus extraordinaires comme une défense de mammouth, des crânes trépanés. « Les archéologues amateurs donnent leurs découvertes au département, qui ouvre le musée actuel en 1983 », raconte la responsable.

    C’est à pied ou à vélo que l’on découvre le mieux paysages et villages aux jolies maisons anciennes. LP/Aurélie Ladet
    C’est à pied ou à vélo que l’on découvre le mieux paysages et villages aux jolies maisons anciennes. LP/Aurélie Ladet LP/Aurélie Ladet

    Les collections du musée archéologique (*) comptent aujourd'hui 30 000 pièces de la préhistoire à l'époque contemporaine, dont 2 500 sont présentées au public. Un des trésors du musée : les vestiges du site de Genainville, à quelques kilomètres. On y trouvait à l'époque romaine plusieurs temples, bassins, un amphithéâtre et des habitations.

    C'est à pied ou à vélo que l'on découvre le mieux ces paysages, qui alternent entre champs de blé, sous-bois et villages aux jolies maisons anciennes. Des sentiers balisés parcourent le territoire. Pour les cyclistes, une boucle de 32 km part de la maison du parc, à Théméricourt, emménagée dans un château de la fin du XVe siècle agrémenté d'un très beau jardin.

    Des passionnés de métiers d'autrefois

    Découvrez l’impressionnante collection d’outils et d’ustensiles au musée de l’Outil de Wy-dit-Joly-Village. LP/Aurélie Ladet
    Découvrez l’impressionnante collection d’outils et d’ustensiles au musée de l’Outil de Wy-dit-Joly-Village. LP/Aurélie Ladet LP/Aurélie Ladet

    Pendant des années, ils ont amassé les objets, attachés aux savoir-faire des campagnes françaises. Claude et Françoise Pigeard ont une collection de plusieurs milliers d'outils et accessoires du monde rural et des métiers anciens, présentés au musée qu'ils ont créé chez eux, à Wy-dit-Joly-Village.

    On y trouve de tout : des établis de perlière ou de repasseuses, un rouet que l'on croirait tout droit sorti de « la Belle au bois dormant », des scies de forestier, mais aussi une hotte de vigneron et des ustensiles pour soigner les chevaux, ainsi qu'une très belle collection de clés anciennes, et plus insolite, une collection… de gaufriers.

    On découvre des métiers oubliés, tels que le chaudronnier, le sabotier, le bourrelier, qui réalisait des pièces d'attelage en cuir pour le travail des chevaux. Claude Pigeard était lui-même forgeron et a réalisé de nombreuses enseignes, girouettes, objets de décoration présentés dans la forge, première salle du musée. Ses coqs ornent de nombreux clochers d'églises de la région.

    À son décès, en 2003, le département du Val-d'Oise rachète le musée de l'Outil et sa collection à Françoise, qui encore aujourd'hui, n'hésite pas à venir à la rencontre des visiteurs pour leur conter l'histoire du lieu.

    Des visiteurs qui peuvent aussi profiter d'un superbe jardin d'inspiration médiévale, avec plus de 125 variétés de roses et des plantes médicinales.

    Une allée couverte de plus de 4 000 ans

    Dans cette sépulture collective du Néolithique située entre Guiry et Cléry-en-Vexin, quelque 200 squelettes ont été mis au jour. LP/Aurélie Ladet
    Dans cette sépulture collective du Néolithique située entre Guiry et Cléry-en-Vexin, quelque 200 squelettes ont été mis au jour. LP/Aurélie Ladet LP/Aurélie Ladet

    C'est un des sites archéologiques les plus remarquables du secteur, entre Guiry et Cléry-en-Vexin. Découverte en 1915 par un ouvrier agricole, qui bute dessus en labourant un champ, l'allée couverte du Bois-Couturier a plus de 4 000 ans.

    Il s'agit d'une sépulture collective, longue de sept mètres, typique du Néolithique. Pour la voir, direction le petit bois de Morval, au milieu des champs, au détour d'un chemin balisé. De l'extérieur, on aperçoit un abri en pierre, creusé d'une ouverture ronde.

    Lors des fouilles, les archéologues y ont trouvé quelque 200 squelettes, ainsi qu'une vingtaine d'outils en pierre, dont des haches polies, un poinçon en os et des tessons de céramique.

    Les analyses des ossements montrent que les hommes qui s'y trouvaient mesuraient en moyenne 1,62 m et les femmes 1,54 m. Fait rarissime : le bouchon de fermeture de la sépulture, en pierre et tout rond, a été retrouvé sur place. Il est actuellement conservé au musée archéologique de Guiry.

    On en profite pour…

    (*) Musée archéologique du Val-d'Oise, place du château à Guiry-en-Vexin. Musée de l'Outil, rue de la mairie à Wy. Entrée libre.