BFMTV et RMC en grève ce mercredi, le débat des municipales à Paris maintenu

Les salariés de NextRadio TV (BFMTV, RMC…) feront grève ce mercredi pour contester le plan de suppressions de postes de la direction. Le débat des municipales à Paris, prévu le même soir à 20h45 sur BFMTV et BFM Paris, aura bien lieu.

 Les salariés de BFMTV et RMC ont voté la grève à 95 % pour protester contre le plan de départs volontaires annoncé par la direction du groupe.
Les salariés de BFMTV et RMC ont voté la grève à 95 % pour protester contre le plan de départs volontaires annoncé par la direction du groupe. LP/Arnaud Journois

    « C'est du jamais-vu. Jamais nous n'avons vécu une telle mobilisation ni voté une grève. Personne ne comprend la dureté de ce plan », se lamente un reporter de BFMTV, présent à l'assemblée générale organisée ce mardi à la mi-journée, après un nouvel échange entre la direction et le personnel.

    Réunis dans la cour intérieure du siège du XVe arrondissement de Paris, les salariés de NextRadioTV (maison mère de BFMTV, RMC, RMC Sport…), appartenant au groupe Altice, ont voté à main levée en faveur d'une journée de grève pour ce mercredi. « Nous étions 500 personnes et 95 % ont voté en faveur de la grève », indique Alban Azais, délégué syndical CGT, au terme de deux heures de discussions à ciel ouvert, avec estrade, micro et hygiaphone, en présence de plusieurs visages emblématiques des antennes, de reporters, techniciens et commerciaux du groupe audiovisuel. Les salariés exerçant en régions ont suivi l'assemblée générale en visioconférence et ont voté par e-mail.

    « On nous punit alors qu'on devrait nous récompenser »

    En cause, l'annonce par la direction le 17 juin d'un plan de départs volontaires qui toucherait entre 330 et 380 CDI et au moins 180 pigistes et intermittents. « Il y a un vrai sentiment d'injustice des salariés. On nous punit alors qu'on devrait nous récompenser après avoir porté les antennes pendant toute la crise du Covid-19. NextRadioTV ne peut pas dégager 73 millions d'euros de bénéfices en 2019 et nous dire que cette crise va tout ruiner », poursuit Alban Azais, qui formule trois principales revendications : « Ne pas engager de départs contraints, diminuer le nombre de suppressions de postes, notamment des journalistes pigistes, et poursuivre la politique sociale ».

    A l'unisson, les syndicats précisent « accepter une réorganisation » mais refusent « le départ d'un salarié sur trois », synonyme pour eux de « dégradation de la qualité de l'antenne ». Une nouvelle assemblée générale, fixée ce mercredi soir, décidera des suites du mouvement. Elle pourrait soumettre au vote la reconduction de la grève ce dimanche 28 juin, jour du second tour des élections municipales, où les antennes sont fortement mobilisées.

    Cette fronde intervient à la veille du deuxième débat d'entre deux tours de l'élection municipale parisienne entre Anne Hidalgo, Rachida Dati et Agnès Buzyn, prévu en direct ce mercredi à 20h45 sur BFMTV et BFM Paris et présenté par Ruth Elkrief et Apolline de Malherbe. « Ce débat est un moment citoyen et compte pour la vie démocratique. Nous sommes engagés vis-à-vis des candidates et des Parisiens. A l'origine, il devait se tenir en mars. Nous l'avons monté depuis longtemps avec une équipe dédiée. Il aura donc lieu dans nos locaux. Il n'y a pas de volonté dans la rédaction de le saboter, et il n'y a aucune volonté de la direction de contourner la grève », explique Marc-Olivier Fogiel, directeur de BFMTV.

    La direction redoute une baisse à venir de 25 % du chiffre d'affaires

    Le groupe Altice, appartenant à Patrick Drahi, anticipe un écroulement des recettes publicitaires post-crise sanitaire. Il a été le premier à annoncer dès le 19 mai un vaste plan de restructuration, dit de « transformation et de reconquête post-Covid », dans un contexte économique rude pour de nombreux médias de la presse audiovisuelle et écrite. Celui-ci doit débuter en juillet par « une phase de volontariat » puis de départs contraints « s'il n'y avait pas assez de volontaires » confirme-t-on ce mardi.

    « Nous devons engager sans tarder cette transformation pour continuer d'exister demain », martèle un porte-parole d'Altice, redoutant une baisse à venir de 25 % du chiffre d'affaires, et rappelant que les effectifs ont augmenté de 50 % depuis 6 ans. Les négociations devraient se poursuivre tout l'été, avec à la mi-juillet la présentation détaillée du plan, service par service, ainsi que des mesures financières et d'accompagnement des salariés.