Municipales à Paris : Hidalgo sous le feu des critiques lors du débat face à Dati et Buzyn

A l’occasion de l’avant-dernier débat télévisé diffusé ce mercredi, Rachida Dati et Agnès Buzyn ont attaqué la maire sortante sans ménagement sur son bilan. Mais Anne Hidalgo a défendu son action.

 La gestion de la crise sanitaire d’Anne Hidalgo a notamment été pointée du doigt par ses deux rivales à la mairie de Paris.
La gestion de la crise sanitaire d’Anne Hidalgo a notamment été pointée du doigt par ses deux rivales à la mairie de Paris. AFP/Thomas Samson

    La politique a repris son cours ce mercredi soir sur le plateau de France 3-France Info pour le premier des deux grands débats télévisés avant le second tour entre les finalistes des municipales à Paris. Rachida Dati, grosses lunettes, veste de tailleur noir et marinière à la Jean-Paul Gaultier, Anne Hidalgo, veste noire et corsage blanc, et Agnès Buzyn, tailleur mauve, plutôt détendues, ne se sont pas pour autant épargnées.

    Fidèle à son image, l'ancienne ministre de la justice de Nicolas Sarkozy s'est ruée à l'abordage de la favorite des sondages, affirmant que la crise du coronavirus avait été « un moment de vérité » pour la ville de Paris, « pour nos aînés abandonnés, beaucoup sont morts dans l'indifférence totale. Nos enfants ont décroché »

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    Dans une répartition des rôles attendue, les deux rivales d'Anne Hidalgo, ont multiplié les critiques sur l'action de la maire sortante, tandis que cette dernière défendait bec et ongles son bilan. Y compris sur la gestion de la crise sanitaire et le manque de masques et des tests dans les Ehpad pointé par Rachida Dati qui a pris en contre-exemple l'action de la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, avec laquelle elle affirme avoir œuvré « main dans la main ». Sans se défaire de son calme, Anne Hidalgo a répliqué : « Nous avons travaillé pendant tout le confinement. »

    «Vous êtes la maire qui a le plus bétonné Paris»

    Agnès Buzyn passe, elle, surtout à l'attaque en seconde partie d'émission. Cela donnera d'ailleurs lieu à une vive escarmouche. Brandissant un panneau montrant l'évolution inquiétante des températures dans la capitale, elle a ironisé sur les réponses de la mairie de Paris en montrant une photo des pots de fleurs installés dans une des rues du VIIIe arrondissement. « La caricature est toujours utile au débat », grince Hidalgo. Mais Buzyn repart de plus belle : « La politique des six dernières années est une écologie de façade, de communication. L'écologie ne se résume pas uniquement à faire du vélo. » Et de dénoncer une « bétonisation à outrance ». Une critique amplifiée par l'ancienne garde des Sceaux : « Vous êtes la maire qui a le plus bétonné Paris. Les écologistes ont avalé leurs chapeaux pour quelques sièges, c'est une honte! ».

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    Piquée au vif, la maire de Paris revendique son bilan : « Nous avons fait baisser de façon radicale la pollution atmosphérique et sonore », jure-t-elle. Et s'adressant toujours à l'ancienne ministre de la Santé, elle remet sur le tapis la piétonnisation des berges de Seine qu'elle considère comme l'une des mesures emblématiques de sa mandature : « J'aurais adoré que vos alliés ne s'opposent pas à une mesure forte pour la piétonnisation des berges de Seine. Vos amis nous ont fait des procès pour empêcher cela, même chose pour le plan vélo. » Mise en cause elle aussi pour son ancienne opposition aux berges, Dati contre-attaque sur la propreté de Paris, pointant en particulier les quais de Seine « qui sont des latrines à ciel ouvert » et « les poubelles qui débordent ». Un peu plus tôt, elle avait assuré : « Paris est sale, la propreté s'est aggravée pendant le confinement alors qu'il n'y avait personne dans les rues, et l'est encore aujourd'hui. »

    «Les valeurs de madame Buzyn c'est de mentir aux Français»

    Parmi les réponses à la crise économique provoquée par le confinement, Buzyn propose pour les commerces une « généralisation » du travail le dimanche et une « extension » des horaires d'ouverture jusqu'à minuit. Une mesure qui ne semble pas avoir la faveur de la maire sortante qui refuse néanmoins de s'y opposer clairement, préférant « les solutions efficaces » comme les terrasses de restaurants aménagées sur les trottoirs et les places de stationnement.

    Délaissant pour un temps leur cible commune, Hidalgo, les deux challengers finissent par se prendre à partie violemment à propos du soutien affiché par Marine Le Pen à la maire du VIIe arrondissement. « Vous avez soutenu Sens Commun, vous avez voté contre le mariage pour tous… », lui reproche Buzyn pour mieux montrer que Dati incarne, à ses yeux, la droite dure. « Les valeurs de madame Buzyn c'est de mentir aux Français », réplique un peu déstabilisée la candidate LR.

    Un moment de répit pour la maire de Paris qui se sera appliquée à cultiver une image lisse et responsable durant le débat, tout en défendant son bilan. Ses rivales ont joué elles aussi leur partition. Celle de rassembleuse de la droite pour l'ex-Garde des Sceaux qui a lancé un appel insistant en direction des abstentionnistes tandis qu'Agnès Buzyn s'est attachée à démontrer qu'elle était bien de retour dans cette fin de campagne.