«Paprika», «Jo», «L’heureux élu»… 5 pièces de théâtre hilarantes pour se vider la tête

C’EST BON POUR LE MORAL. Si vous ne pouvez plus aller au théâtre, le théâtre peut venir à vous. Sur la riche plateforme culturelle de France Télévisions, voici cinq spectacles récents pour s’évader et rire un peu.

 La pièce « La Nuit du Cerf », thriller tragicomique, se joue à six dans une bâtisse rurale des Etats-Unis…
La pièce « La Nuit du Cerf », thriller tragicomique, se joue à six dans une bâtisse rurale des Etats-Unis… Jean-Marc Hélies

    Sur la plateforme culturelle de France Télévisions, vous trouverez cinq pièces de théâtre récentes pour s'évader et rire un peu, en ces temps si difficiles.

    « La Nuit du cerf » : l'humour du risque

    Le cirque et la voltige avec un joyeux décalage et un sacré don de narration. Pour son deuxième spectacle, « La Nuit du Cerf – A Deer in the Headlights », le Cirque Le Roux nous convie dans une bâtisse rurale des années 1970 aux Etats-Unis. « A Deer in the Headlights », c'est l'équivalent d'un lapin pris dans les phares d'une voiture. Ce lapin, c'est James, pièce rapportée de cette famille de désaxés réunie pour les funérailles de la matriarche. Une ambiance étrange et dangereuse, des personnages singuliers, attachants, c'est cette histoire de fous et une nuit funeste que nous raconte la troupe - ils sont six - dans ce thriller tragicomique. Le récit captive et les acrobaties épatent, qui alternent, se chevauchent avec les phases de comédies. On rit autant qu'on retient son souffle devant leurs prouesses de mains à mains, tour de force, voltige périlleuses et réceptions qui arrachent des exclamations de stupeur. Le pire, c'est qu'ils le font avec une apparente facilité. Le final est magique.

    « La Nuit du Cerf – A Deer in the Headlights », d'Alexandra Stréliski, mise en scène de Charlotte Saliou pour le Cirque Le Roux. 87 minutes.

    « Le syndrome de l'Ecossais » : trinquons ensemble, une dernière fois

    Ils vont trinquer. Florence invite à dîner sa sœur Sophie et Alex, son beau-frère que Bruno, son mari, ne supporte pas. Un « con », moulin à paroles bouffi d'orgueil et plein de fric. Et plein le dos, qui le fait atrocement souffrir. Tandis que les deux sœurs se rendent à la pharmacie pour lui trouver un antidouleur, Bruno lui fait goûter en douce un single malt qu'il planque à son dragon de femme… Les deux hommes se retrouvent au moins sur ce terrain-là… Le médicament rapporté ne doit surtout pas être associé à de l'alcool, a prévenu le pharmacien. Trop tard, il a avalé deux pilules… Le voilà pris de troubles nerveux et plongé dans une incohérence totale que Bruno, par peur des représailles, va tenter de gérer. Quiproquos, vérités, bonnes à dire ou non, interprétations farfelues de Sophie qui ne vit plus qu'au travers des conseils de sa psy, la soirée chavire. Bernard Campan est hilarant dans son numéro, et Thierry Lhermitte, impérial de flegme caustique. Une savoureuse entreprise de démolition.

    « Le syndrome de l'Ecossais », d'Isabelle Le Nouvel, mise en scène de Jean-Louis Benoit, avec Thierry Lhermitte, Bernard Campan, Florence Darel et Christiane Millet. Durée : 91 minutes.

    « Jo » : où t'as mis le corps ?

    Didier Bourdon, Jérôme Anger, Dominique Pinon et Audrey Fleurot dans « Jo ». Fabienne Rappeneau/Pascal Victor
    Didier Bourdon, Jérôme Anger, Dominique Pinon et Audrey Fleurot dans « Jo ». Fabienne Rappeneau/Pascal Victor Jean-Marc Hélies

    Antoine, dramaturge à succès, s'apprête à tuer le maître chanteur qui menace de dévoiler le passé sulfureux de son épouse. S'il renonce au dernier moment, le coup part malgré tout. Le voici avec un cadavre sur les bras et un inspecteur sur le dos… En dramaturge assassin malgré lui, plus torturé et moins expansif que Louis de Funès qui avait popularisé le rôle au cinéma, Didier Bourdon amuse avec finesse. Dominique Pinon convainc avec rondeur en policier opiniâtre passant à côté de l'affaire. Mais c'est bien Audrey Fleurot qui décroche la timbale. Dansant, chantant, montant sur les tables ou se roulant par terre, dans des tenues aux couleurs vives, elle enthousiasme avec son côté vamp qu'on dirait sorti d'un cartoon. On adore.

    « Jo », d'Alec Coppel, mise en scène de Benjamin Guillard, avec notamment Audrey Fleurot, Didier Bourdon et Dominique Pinon, Didier Brice. Durée : 96 minutes.

    « Paprika » : son fils, sa bataille

    Victoria Abril, Jean Baptiste Maunier et Wilfried Mortaillé. ArtComPress/Pascal Victor
    Victoria Abril, Jean Baptiste Maunier et Wilfried Mortaillé. ArtComPress/Pascal Victor Jean-Marc Hélies

    Meneuse de revue à Pigalle, Eva (NDLR : Victoria Abril) fait la fête tous les soirs. Au lendemain d'une énième cuite, Luc, un jeune homme bien sous tous rapports sonne à la porte. Il est le fils qu'elle a abandonné. Paniquée, elle se fait passer pour la femme de ménage… Un premier mensonge auquel viendront s'ajouter tant d'autres tandis que viennent brouiller son jeu sa meilleure amie strip-teaseuse, le concierge transi d'amour ou un amant pompier… Les masques finiront par tomber : « Luc, je suis ta mère ». Pierre Palmade concocte ici un boulevard à l'ancienne, comme il sait faire. Pour son retour au théâtre après 32 ans, Victoria Abril prête à cette piquante créature toute sa pétulance et son intensité. Bien entourée, elle fait de ce rendez-vous une jolie fête d'humour.

    « Paprika », de Pierre Palmade, mise en scène de Jeoffrey Bourdenet. Avec Victoria Abril, Julien Cafaro, Prisca Demarez, Jules Dousset et Jean-Baptiste Maunier. Durée : 108 minutes.

    « L'Heureux Elu » : Noël est-il une ordure ?

    C'est la question que se posent Jeff, Greg et Mélanie qui reçoivent Charline venue leur présenter Noël, son nouvel amoureux. Charline, c'est l'ex de Jeff (NDLR : Bruno Solo) qui ne s'est pas encore remis de cette rupture. Ça ne passe pas. Ça ne passe pas pour Greg (NDLR : Yvan Le Bolloc'h) non plus, le Noël en question affichant idées racistes et réactionnaires. Dire qu'il déplaît fortement est un euphémisme… Seulement, lui ne ment pas, au contraire de ses hôtes bobos et bien-pensants entre lesquels ventilent petites tromperies et trahisons… La présence de l'incongru va finir par les révéler. Les compères Bruno Solo et Yvan Le Bolloc'h montaient pour la première fois au théâtre à l'automne 2016 pour cette mise en pièces de l'amitié.

    « L'Heureux Elu », d'Éric Assous, mise en scène Jean-Luc Moreau. Avec Bruno Solo, Yvan Le Bolloc'h, David Brécourt, Mélanie Page et Mathilde Penin. Durée : 99 minutes.