Sur la route de «Pékin Express» : caprices du ciel et casse-tête administratif

Notre reporter suit à Bornéo, en Malaisie, le tournage de la course d’aventure qui revient sur M6. Une onzième saison confrontée à de nombreux imprévus.

 Des fortes pluies perturbent les épreuves de Pekin Express en tournage actuellement à Bornéo, en Malaisie.
Des fortes pluies perturbent les épreuves de Pekin Express en tournage actuellement à Bornéo, en Malaisie. LP/ MICHAEL ZOLTOBRODA

    « Patrick, t'es au courant? On vient de changer le parcours de l'étape 3. La route n'est plus praticable à l'arrivée. » Dans n'importe quelle production, cette annonce aurait été une grosse tuile. Pas pour Eccholine, qui produit « Pékin Express » depuis onze saisons. Et même s'il a fallu relancer la machine après un arrêt de quatre ans, ici, on en a vu d'autres.

    Pour cette troisième étape, les candidats devaient rejoindre Patrick Labau Village - du nom du chef du village en question - après trois jours de course en Malaisie. Mais malgré la fin de la saison des pluies, les conditions climatiques jouent des tours aux organisateurs. Impossible de parcourir les 40 derniers kilomètres.

    « D'après notre contact sur place, il a vraiment trop plu. Il y a eu de gros dégâts sur la route et le village qu'on avait repéré est coupé du monde, raconte Thomas Barneoud, directeur artistique de l'émission qui a tracé la route il y a plusieurs mois. On a appris la mauvaise nouvelle dimanche. C'est notre lot quotidien. Surtout à Bornéo. »

    Toujours avoir une solution de secours

    Voilà déjà huit jours que ce couteau suisse de la production gère au mieux les imprévus, presque comme si de rien n'était. « On a toujours un plan B et même un plan C tout aussi efficaces », explique-t-il. Cette fois, c'est d'amener les candidats directement aux portes du parc national de Niah. Mais le trajet est plus long de 40 kilomètres.

    L'épreuve du jour qui devait ralentir certains candidats a dû être repensée dans la nuit pour leur permettre d'avancer plus vite. Les six équipes d'aventuriers devront se partager trois pick-up : un qui n'a plus d'essence, un autre qui s'arrête à plusieurs reprises et le troisième qui a deux roues crevées. C'est toujours mieux que les vélos et les brouettes, initialement prévus.

    La production avait également planifié une course jusqu'aux grottes de Niah, accessibles à dix minutes de marche de Patrick Labau Village. Mais du nouveau lieu d'arrivée, ça aurait mis trois fois plus de temps. « On ne peut pas les faire marcher autant en fin d'étape, assure le directeur artistique. Ça ne serait pas équitable pour les moins sportifs. Le principe, c'est d'abord une course en auto-stop. » Le duo arrivé en premier aura tout de même droit à la visite des grottes. « On a appelé des porteurs pour leur sac, précise le directeur artistique. On ne pouvait pas passer à côté, le spectacle en vaut la chandelle ». À chaque problème sa solution.

    Des galères ? Tous les jours

    Le matin même, les chauffeurs de l'émission, pourtant des locaux, craignaient de prendre la piste pour atteindre le village où ont dormi les candidats, à 30 minutes de 4 x 4. Trop dangereux avec la pluie tombée dans la nuit, pensent-ils. Sauf que le jeu a déjà été installé pour l'épreuve d'immunité. La solution ? Demander au chef de village d'intervenir. C'est lui qui a débloqué la situation en estimant que la sécurité était assurée. Une bonne option. Entre-temps, la terre a séché. Circulez.

    Et des galères, il y en a eu dès le premier jour. « On avait prévu une épreuve à la rame sur un lac magnifique pour aller voir les singes dans la région de Kuching, à l'Est de Bornéo, raconte Thomas Barneoud. Nous avions l'autorisation des autorités. Mais deux jours avant le départ, elles nous l'ont enlevée. On ne sait pas pourquoi. »

    Ni la production, ni un officiel venu de Miri, à une heure d'avion, n'ont pu rattraper le coup. Restait l'option 2 : la descente d'une rivière proche. « Ce changement de dernière minute a mobilisé 25 personnes qui n'ont pas beaucoup dormi, glisse le directeur artistique. Et on a dû réécrire l'étape. Mais le plus dur, c'est de faire le deuil du plan A. Pékin Express, c'est aussi beaucoup de frustration. »

    LP/ MICHAEL ZOLTOBRODA