Budget : État fauché cherche près de 5 milliards d'euros

Pour parvenir à réduire le déficit public à 3 % du PIB à la fin de l'année, le gouvernement doit lancer d'urgence des nouvelles mesures d'économie.

    L'équipe est au complet pour un week-end d'intégration à Nancy (Meurthe-et-Moselle). Depuis vendredi soir, et pendant vingt-quatre heures, tous les membres du gouvernement se sont regroupés en séminaire pour mieux se connaître mais, surtout, préparer les grands chantiers à venir. Et parler d'un sujet brûlant : les économies à réaliser au plus vite. Car jeudi, l'audit dévoilé par la Cour des comptes a confirmé que la situation financière de la France «est loin d'être assainie».

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    Selon les magistrats, il n'est plus question d'espérer atteindre les 2,8 % de déficit pourtant annoncé en avril par l'ancienne équipe au pouvoir. Mais le gouvernement d'Edouard Philippe veut au moins atteindre le seuil fatidique des 3 %. «Pour y parvenir, nous devons trouver entre 4 et 5 Mds€ d'économies sur les six prochains mois», assure Gérald Darmanin, le ministre de l'Action et des Comptes publics. Les services de Bercy ont donc planché pour faire des propositions, avec un impératif : pas d'augmentation d'impôts.

    Les réunions tardives se sont enchaînées pour trouver çà et là des coupes budgétaires. Dans les couloirs du ministère, on assure qu'il «n'y a pas de grosses masses mais une multiplication de petites économies allant de quelques dizaines à quelques centaines de millions d'euros».

    «Ce sera dur pour 2017 et encore plus pour 2018»

    Finalement, la copie est prête. «J'ai fait des propositions au Premier ministre : chacun doit contribuer», prévient Gérald Darmanin. Déjà, celui qui se prévaut d'être le «ministre de la Défense budgétaire» a annoncé le gel du point d'indice des fonctionnaires au moins jusqu'en 2018, qui doit permettre d'économiser 2 milliards d'euros selon la Cour des comptes. Une liste de décrets d'annulations de crédits doit également être validée rapidement par le Premier ministre. Pour connaître le détail de la douloureuse, il faudra néanmoins patienter jusqu'au discours de politique générale d'Edouard Philippe, prévu mardi, puis jusqu'au débat d'orientation budgétaire.

    En parallèle, le gouvernement réfléchit d'ores et déjà à d'autres leviers d'économies pour les prochaines années. «Ce sera dur pour 2017 et encore plus pour 2018», confie en effet un proche du Premier ministre. Pour y parvenir, Gérald Darmanin reconnaît que «toutes les préconisations de la Cour des comptes seront étudiées». Mais pas forcément retenues. «Je ne suis pas favorable à la règle comptable du non-remplacement de deux fonctionnaires sur trois [NDLR : évoquée dans l'audit de la Cour des comptes], précise ainsi le ministre. Le projet du président de la République prévoit 120 000 postes de fonctionnaires en moins. Mais ce qu'il faut, c'est d'abord réfléchir aux missions de l'Etat aujourd'hui - la numérisation, l'aménagement du territoire peuvent changer les besoins - puis en tirer les conséquences en termes de moyens.»

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    Ce chantier sensible sera ouvert dès septembre. Une source proche du dossier assure qu'il n'est toutefois pas question de remettre en cause le statut des fonctionnaires. «L'idée, par contre, est de faciliter les départs de ceux qui souhaitent quitter la fonction publique, assure-t-elle. Il faut plus de souplesse.»