Déficit : la Cour des comptes prescrit un régime sec à l'Etat

Pour passer sous la barre des 3 %, la Cour préconise, dans un audit rendu jeudi sur l'état des finances de la France, des mesures d'économies drastiques.

Pour réduire le déficit public, la Cour des comptes préconise notamment d’augmenter les droits d’inscription «aux diplômes nationaux». Dans les lycées, le nombre d’options proposées serait réduit.
Pour réduire le déficit public, la Cour des comptes préconise notamment d’augmenter les droits d’inscription «aux diplômes nationaux». Dans les lycées, le nombre d’options proposées serait réduit. LP/AGNES VIVES

    Ils ont sorti le carton rouge. Dans un audit dévoilé jeudi, les magistrats de la Cour des comptes ont sévèrement sanctionné la situation des finances et des comptes publics. Et pour cause : le déficit ne diminue pas assez, la dette augmente et les comptes présentés sous l'ancien président de la République sont «insincères». Comprendre : l'ancien gouvernement savait qu'il ne tenait pas la route! L'objectif de passer enfin sous la barre des 3 % de déficit public à la fin de l'année semble désormais presque impossible puisque, selon la Cour, les recettes ont été surestimées et les dépenses sous-évaluées. «L'équipe sortante s'était engagée à un déficit à 2,8 % du PIB» en 2017 alors que «la Cour dit qu'il est sans doute autour de 3,2 %», s'est d'ailleurs insurgé le Premier ministre Edouard Philippe. « Nous héritons d'un dérapage de plus de 8 milliards d'euros. C'est inacceptable. »

    Après un constat sans appel, les magistrats assurent qu'il est urgent de réagir. Comment ? «Nous ne le ferons pas en augmentant les impôts, a assuré le Premier ministre. Nous le ferons par des mesures d'économies», dévoilées en partie mardi lors de son discours de politique générale. Edouard Philippe pourra piocher dans les préconisations de la Cour qui, parfois, reflètent l'esprit des réformes envisagées par Emannuel Macron.

    Les fonctionnaires à la diète

    Alors que la masse salariale des administrations publiques pèse 284 milliards d'euros en 2016 — soit près d'un quart des dépenses publiques —, les fonctionnaires sont, aux yeux de la Cour, un levier facile pour économiser des sommes colossales. Comment? En réduisant encore les effectifs, en sachant qu' Emmanuel Macron prévoit de supprimer 120 000 postes en cinq ans. Si «les secteurs de la défense, de la justice et des forces de sécurité seraient sanctuarisés, [...], les efforts de réduction devraient être concentrés sur le reste des effectifs de l'Etat en prévoyant le non-remplacement de deux départs sur trois». Autre idée avancée par la Cour : réinstaurer le gel du point d'indice qui permet de revaloriser les salaires, geler, voire supprimer de nombreuses indemnités, parfois non justifiées selon la Cour, ou encore augmenter de 1 % le temps de travail.

    Les lycéens et étudiants dans le viseur

    Alors que la scolarité d'un lycéen coûte 10 320 euros en France (contre 7 557 euros en moyenne dans les pays de l'OCDE), la Cour propose de resserrer le nombre d'options et de spécialités proposées aux lycéens pour réduire les coûts d'enseignement. Quant à l'université, où le financement public est là encore plus important en France qu'à l'étranger, les magistrats préconisent une «augmentation des droits d'inscription aux diplômes nationaux».

    Haro sur les retraites

    Les propositions des magistrats de la rue Cambon devraient satisfaire Emmanuel Macron. Ils préconisent de «poursuivre le rapprochement des régimes de retraite», annoncé dans le programme du président. Ils avancent également le report de l'âge minimum du départ à la retraite à 64 ans, ce qui permettrait une économie annuelle de 5 milliards d'euros, ainsi que l'allongement de 41,5 à 43 années de cotisations dès 2023 au lieu de 2045.