Déconfinement : des stations thermales au régime sec en Auvergne-Rhône-Alpes

Privés de curistes depuis près de deux mois, et au cœur de la saison, les exploitants auvergnats ne savent pas encore quand l’activité va pouvoir reprendre et s’inquiètent pour l’avenir.

 A Vichy (Allier), les thermes, dont l’activité est actuellement à l’arrêt, représentent 300 emplois directs.
A Vichy (Allier), les thermes, dont l’activité est actuellement à l’arrêt, représentent 300 emplois directs. LP/Compagnie de Vichy

    Des villes mortes. Voilà à quoi ressemblent les stations thermales d'Auvergne-Rhône-Alpes, troisième région de France dans ce secteur d'activité derrière le Languedoc-Roussillon et la Nouvelle-Aquitaine. A l'heure du déconfinement, difficile de savoir quand les curistes vont pouvoir faire leur retour. Les exploitants thermaux comme les maires des 24 stations de la région sont dans l'attente.

    A Vichy, dans l'Allier, la saison thermale aurait dû débuter il y a maintenant deux mois. « Tout est arrêté. C'est extrêmement violent. Nous vivons un drame économique », témoigne Frédéric Aguilera, maire de la ville. Ici, le thermalisme représente 300 emplois directs, l'offre hôtelière un millier de chambres. Restauration, tourisme, événements sportifs, tout est stoppé. Et la situation devrait perdurer encore plusieurs semaines, peut-être même cet été.

    Thierry Dubois, président du Conseil national des établissements thermaux (CNETH), espère une reprise entre le 15 juillet et le 1er septembre. Mais sans certitude. « Tout le monde est inquiet et souhaite que la situation ne dure pas trop longtemps. » Car il pourrait y avoir des catastrophes économiques. « 71 % des établissements thermaux sont situés dans des villes de moins de 5000 habitants. Ces dernières années, le secteur a énormément investi. Notre objectif est que tout le monde s'en sorte. »

    Des petites villes dépendantes de leurs thermes

    A l'image de Châtel-Guyon, dans le Puy-de-Dôme, où France Thermes devait inaugurer en grande pompe le 27 avril un tout nouveau concept de resort thermal. Inauguration qui est tombée à l'eau. « Cela fait six ans que nous travaillons sur ce projet dans lequel nous avons investi 35 millions d'euros », témoigne Sylvain Serafini, président du groupe France Thermes. Le lieu — qui intègre, sur 17 000 m2, soins thermaux et de bien-être, hébergement avec 90 chambres et restauration — devait accueillir ses 600 premiers curistes fin avril, avant de monter en puissance. Des curistes qui ne sont jamais arrivés.

    « A Châtel-Guyon comme à Vichy, le thermalisme est un pan important de l'économie. Mais c'est un écosystème fragile », prévient Sylvain Serafini, qui attend « avec une certaine fébrilité » l'accord des autorités sanitaires pour ouvrir son bel établissement. A Bourbon-Lancy, la situation est encore plus inquiétante. Dans cette commune située à la frontière entre l'Allier et la Saône-et-Loire, Didier Monssus dirige en famille depuis trente ans un établissement thermal. Voilà deux saisons qu'il ne peut ouvrir. L'an dernier, un feu de toiture avait ruiné l'activité, cette année, c'est la crise sanitaire.

    « Bien qu'il nous ait été donné l'autorisation de rallonger la période d'ouverture, nous ne pourrons pas récupérer les curistes perdus durant le confinement », estime celui qui préside également le GIE Auvergne Thermale Qualité. Malgré tout, Didier Monssus garde le moral. « Humainement, c'est terrible. Heureusement, nous avons reçu des témoignages formidables de la part de nos salariés et curistes qui nous encouragent à nous battre, être unis, combatifs. Alors le Covid-19, nous nous en relèverons. »