Grève de contrôleurs aériens : tous les vols annulés ce jeudi à Beauvais, Brest et Carcassonne

Le syndicat des contrôleurs aériens proteste contre le protocole social en cours de négociation avec la Direction générale de l’Aviation civile, qui va, selon lui, « bouleverser l’organisation du travail » tout en « actant des dégradations du service rendu ».

Dans un premier temps, la DGAC avait appelé à la suppression de la moitié des vols au départ de Beauvais ce jeudi. Ils sont finalement tous concernés. LP/Patrick Caffin
Dans un premier temps, la DGAC avait appelé à la suppression de la moitié des vols au départ de Beauvais ce jeudi. Ils sont finalement tous concernés. LP/Patrick Caffin

    Journée noire pour une partie des aéroports français. La Direction générale de l’Aviation civile a demandé aux compagnies aériennes d’annuler tous leurs vols au départ ou à l’arrivée des aéroports de Beauvais, Brest et Carcassonne ce jeudi en raison d’une grève de contrôleurs aériens.

    Mercredi, la DGAC avait appelé à la suppression de la moitié des vols dans le seul aéroport de Beauvais (Oise), mais elle a étendu ces mesures « compte tenu du suivi du mouvement constaté dans les organismes de navigation aérienne de Beauvais, Brest et Carcassonne », a-t-elle précisé dans un communiqué. L’administration a justifié la mesure par « un préavis de grève nationale (…) déposé par une organisation syndicale représentative des contrôleurs aériens ».

    Le syndicat en question, l’Usac-CGT, proteste contre le protocole social en cours de négociation avec la DGAC, qui selon lui « entérine une volonté de bouleverser l’organisation du travail des personnes de l’aviation civile, tout en actant des dégradations du service rendu ». Il s’agit d’un texte « en l’état, inacceptable », a affirmé l’Usac-CGT dans un communiqué.

    Ce syndicat avait déjà été en pointe dans le mouvement de protestation contre la réforme des retraites, ce qui avait provoqué des annulations et retards de vols en cascade entre mars et mai.

    Colère autour d’une future loi sur la grève

    L’Usac-CGT a aussi dénoncé le vote le 15 juin au Sénat d’une proposition de loi visant à mieux organiser le trafic aérien en cas de grève. Il s’agit d’une « remise en cause du droit de grève. (…) La promulgation de cette loi constituerait un recul extraordinaire de ce droit constitutionnel » selon l’organisation.

    Actuellement, les syndicats dans le contrôle aérien doivent déposer tout préavis de grève cinq jours avant un mouvement, mais les grévistes n’ont pas à déclarer leur participation individuelle, à la différence des autres salariés du secteur. Ils devront le faire dorénavant en vertu de cette proposition de loi. Cette réforme doit désormais être examinée par l’Assemblée nationale.



    Le ministre délégué aux Transports, Clément Beaune, s’était dit favorable à une telle évolution du droit après un arrêt de travail surprise le 11 février de contrôleurs aériens, en l’absence d’appel à la grève, qui avait conduit la DGAC à faire annuler en catastrophe un vol sur deux à Paris-Orly.

    La DGAC a souligné que le préavis de jeudi « concerne de nombreux terrains mais pas les principaux aéroports français ni les cinq centres de contrôle en-route (CRNA) » qui gèrent les trajectoires des appareils survolant le territoire.

    Dixième aéroport français pour son trafic, Beauvais, à 80 km au nord de Paris, a selon l’Union des aéroports français (UAF) accueilli en 2022 4,6 millions de voyageurs, dépassant de 15,8 % son niveau de 2019, grâce au dynamisme des low-cost dont Ryanair qui y base deux appareils. Brest-Bretagne est quant à lui le 18e aéroport national avec 801 000 passagers en 2022, en fort recul (-35,1 %) par rapport à l’avant-crise sanitaire, tandis que Carcassonne a accueilli l’année dernière 280 000 voyageurs, ce qui le place en 26e position du classement de l’UAF.