Grève des routiers : les stations ont fait le plein

La grève des routiers fait craindre une pénurie de carburant. Des mesures ont été prises.

Paris, le 21 mai 2016. Lors du dernier mouvement des routiers, les volumes de carburant prélevés dans les stations-service avaient augmenté de 17 %. 
 
Paris, le 21 mai 2016. Lors du dernier mouvement des routiers, les volumes de carburant prélevés dans les stations-service avaient augmenté de 17 %.
  LP/ARNAUD JOURNOIS

    Ce lundi matin, dès potron-minet, les routiers de la CGT et de FO ont lancé une nouvelle journée d'action, reconductible cette fois-ci, officiellement pour s'opposer à la réforme du Code du travail, mais portant aussi sur des revendications catégorielles. « Le mouvement pourrait être fort », pressent Jérôme Vérité, patron de la CGT Transports, qui annonce des blocages devant des dépôts de carburant et des centres logistiques et des opérations escargot sur certains périphériques. Les raisons de cette colère? Les salaires, la demande de durcissement de la directive européenne sur les salariés détachés, mais aussi l'opposition aux ordonnances Macron, dont certaines entrent en vigueur dès ce lundi.

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    Le transport routier est « un vrai sujet qui n'est pas né hier avec les ordonnances » réformant le Code du travail, a reconnu dimanche la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, soulignant que « la majorité des salariés travaillent dans de toutes petites entreprises » et qu'il s'agit d'un secteur « très concurrentiel ». Une tentative pour apaiser les esprits alors qu'une réunion mercredi dernier avec Elisabeth Borne, la ministre des Transports, s'est soldée par un échec ? Face à la crainte d'une pénurie de carburant, les automobilistes se sont « déjà rués dans les stations ce week-end », reconnaît un porte-parole de l'Ufip (Union française des industries pétrolières).

    L'effet panique redouté

    Pourtant, les pouvoirs publics et les opérateurs pétroliers ont pris les devants. Le gouvernement a notamment autorisé par décret, samedi, les transporteurs de carburant à rouler « exceptionnellement » deux heures supplémentaires par semaine (58 heures au lieu de 56). Ce qui a permis aux pétroliers de mettre les bouchées doubles pour remplir leurs cuves. Celles des 200 entrepôts de leur parc de stockage, mais aussi des 11 000 stations-service, réparties sur tout le territoire. « Une station-service peut tenir deux à trois jours maximum sans approvisionnement, explique toujours l'Ufip. Il s'agit donc de ne pas être pris au dépourvu. »

    QUESTION DU JOUR. Mobilisation des routiers : craignez-vous une pénurie d'essence?

    L'effet panique que provoquent ces blocages auprès des automobilistes est en effet souvent plus redouté que les blocages eux-mêmes. Ainsi, lors du dernier mouvement en mai 2016, à la veille de l'Euro de football, l'Ufip avait observé une hausse de 17 % des volumes de carburant prélevés dans les stations-essence. Et jusqu'à cinq fois plus de pleins dans certaines zones rurales. Dans bien des endroits en France, c'était plus la ruée des automobilistes aux pompes que les difficultés d'approvisionnement qui avait asséché les stations.