L’Etat débloque 15 milliards d’euros pour soutenir la filière aéronautique

L’objectif est de sauver 100 000 emplois sur les 300 000 de cette filière.

    Après un plan de 18 milliards d'euros pour sauver l'industrie du tourisme, 8 milliards d'euros pour la filière automobile, c'est au tour de l'aéronautique de bénéficier d'un gros coup de pouce financier.

    Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie a annoncé ce mardi, un plan de soutien massif à l'aéronautique d'un montant de plus de 15 milliards d'euros au total si l'on tient compte des 7 milliards d'euros du prêt garanti accordé à Air France. « Nous décrétons ce matin l'état d'urgence dans le domaine de l'aéronautique. Si nous ne faisons rien, ce sont 100 000 emplois sur les 300 000 qui sont menacés dans les six mois », a-t-il prévenu alors que le trafic aérien dans le monde ne devrait pas revenir à sa normale avant deux ou trois ans.

    La première priorité de ce plan est donc de préserver les emplois et même si Guillaume Faury, le patron d' Airbus n'a pas écarté des coupes dans les effectifs. Plusieurs leviers vont être activés notamment auprès des PME et des ETI grâce à deux fonds dont un avec la participation d'Airbus et de Thalès et une autre entièrement financée par l'Etat avec 300 millions d'aides publiques. Cela devrait permettre aux PME de poursuivre leur développement ou de garantir les emplois avec des mesures de chômage partiel.

    En outre, le gouvernement a décidé « d'activer les garanties à l'export pour éviter les annulations et reports de commandes d'avions », indique le ministre de l'économie. Par ailleurs, les autorités ont décidé d'accorder aux compagnies aériennes « un moratoire de douze mois pour rembourser leurs emprunts auprès des banques ».

    Cette mesure devrait apporter 1,5 milliard d'euros de trésorerie dans les caisses des compagnies aériennes. L'Etat veut aussi proposer à la Commission européenne « d'allonger la durée pendant laquelle les compagnies ne remboursent pas leurs nouveaux crédits » pour des achats d'avions. Aujourd'hui fixée à six mois, cette facilité de paiement pourrait, à terme, passer à dix-huit mois.

    Un avion zéro carbone

    Pour soutenir la recherche et le développement qui risquait de mettre au tapis 35 000 emplois, un second volet est consacré à l'avion du futur ou d'hélicoptères. Le ministère de la Transition Ecologique va investir 1,5 milliard d'euros en faveur des technologies de rupture vers l'avion zéro carbone.

    Ce plan vise à préparer le successeur de l'A320 en développant un avion court et moyen courrier ultra sobre (moins 30 % de consommation) et en préparant à 2035 un avion zéro émission. « Entre 2026 et 2028, un prototype sera présenté », a expliqué Elisabeth Borne. « C'est une accélération de 10 ans, que j'appelais de mes vœux, pour fixer les nouveaux standards mondiaux d'avion de ligne zéro carbone. »

    Le coup de pouce de l'Armée

    L'Armée qui est aussi le premier donneur d'ordre dans cette industrie va aussi mettre la main au portefeuille en dégageant 600 millions d'euros de commandes par anticipation. Elle va acquérir trois A330 qui seront transformés ultérieurement au profit de l'armée de l'air, pour remplacer les appareils vieillissants.

    En outre, le ministère des Armées va commander huit hélicoptères Puma et plus de 100 millions d'euros vont permettre de soutenir des PME spécialisées dans les drones pour la Marine nationale. « L'ensemble de ces commandes répond à un besoin de nos armées. Nous allons simplement aller plus vite », a ajouté Florence Parly, la ministre des Armées.