Pourquoi Pôle emploi sera dans l’impasse financière en 2022

C’est du jamais-vu depuis la création de l’ANPE en 1967, l’ancêtre de Pole emploi. En 2022, il manquera des centaines de millions pour boucler le budget de fonctionnement des 900 agences et ses 45000 agents. Qui va payer ? Soit l’Etat, soit les chômeurs.

 Pôle Emploi reçoit des recettes de l’Unédic, qui s’attend à une baisse d’environ 10 % cette année : 35,5 milliards d’euros, au lieu des 39 milliards prévus avant Covid.
Pôle Emploi reçoit des recettes de l’Unédic, qui s’attend à une baisse d’environ 10 % cette année : 35,5 milliards d’euros, au lieu des 39 milliards prévus avant Covid. LP/Philippe Lavieille

    Dommage collatéral de la crise, Pôle emploi sera dans l'incapacité de faire face à ses dépenses de fonctionnement en 2022. Un trou d'au moins 400 millions d'euros dans son budget pour faire tourner la grosse machine Pôle emploi (45 000 agents chargés de l'accompagnement et de l'indemnisation des demandeurs d'emploi, près de 900 agences), alors que le taux de chômage devrait très fortement augmenter l'an prochain, à 11 % de la population active, selon les projections de la Banque de France et de l'Unédic. Selon nos informations, un comité des comptes a d'ailleurs été mis en place le 15 décembre, pour connaître l'impact précis du déficit. Du jamais-vu depuis la création de l'ex-ANPE en 1967, l'ancêtre de Pôle emploi.

    L'alerte est très sérieuse. Elle a été lancée officiellement par le patron de Pôle emploi, Jean Bassères, le 16 décembre lors d'une audition de la Commission des affaires sociales du Sénat. « Il y a un risque d'impasse budgétaire en 2022 », a averti le directeur général - qui vient d'être reconduit pour un quatrième mandat ce lundi en Conseil des ministres - parlant « de plusieurs centaines de millions d'euros » manquants. La veille, lors d'un conseil d'administration de l'opérateur, il a même été plus précis sur ses craintes et les conséquences à plus court terme de cette situation. Il a en effet indiqué le gel dès maintenant, des 650 recrutements d'agents (pourtant prévus en septembre) qui doivent être dédiés auprès des jeunes demandeurs d'emploi. Selon nos informations, il a annoncé lors de cette réunion, le report de ces arbitrages.