Un géant du transport naîtra de la fusion Veolia-Transdev

Un géant du transport naîtra de la fusion Veolia-Transdev

    Veolia Transport et Transdev, filiale de la Caisse des dépôts (CDC), se préparent à fusionner. Ce mariage donnera naissance à un géant mondial des transports publics. Mais il  laisse à quai la SNCF, prétendant éconduit. Cette union inquiète aussi les collectivités locales. Elles craignent une diminution de la concurrence et la hausse des prix qui l'accompagnerait. Enfin parmi les détracteurs de ce rapprochement, certains avancent que Nicolas Sarkozy serait un proche du PDG de Veolia Transport....

    Mercredi soir, la Caisse des dépôts a annoncé son intention d'entamer des «négociations privilégiées» avec Veolia en vue de créer «un leader mondial du transport public de voyageurs» d'ici à début 2010. En cas d'accord, le futur champion français pèsera 8,3 milliards d'euros de chiffre d'affaires et comptera 130.000 collaborateurs. La future entité sera détenue à 50% par la CDC -qui compte à présent 69,6% de Transdev-, et à 50% par Veolia Environnement, maison mère de Veolia Transport. Une introduction ultérieure en Bourse est également envisagée.

    La RATP doit donner son feu vert

    Cette alliance entre le public et le privé reste suspendue à la conclusion d'un accord définitif et nécessite le feu vert de la RATP, qui doit céder sa part de 25,6% dans Transdev, en échange d'actifs des deux opérateurs. Le comité d'investissements de la CDC, réuni mardi, a donné un avis favorable à ce rapprochement. La fusion se fera à parité au niveau de l'actionnariat et de la gouvernance, a précisé  Michel Bouvard, président de la Commission de surveillance de la CDC. Ce député UMP était à l'origine favorable à un rapprochement avec Keolis, filiale de la SNCF, mais s'est rallié à l'offre de Veolia après des «concessions majeures» faites par le groupe de services.

    Veolia a notamment renoncé à être majoritaire dans le capital de la nouvelle entité. Avant la signature d'un accord, Veolia proposera à la CDC une équipe de direction du nouvel ensemble dans laquelle seraient intégrés des membres de Transdev, explique-t-on de source proche du dossier.

    Le PDG de Veolia Transport serait un proche de Sarkozy

    Selon des informations de presse, le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, a pesé de tout son poids pour faire pencher la balance en faveur du groupe dirigé par Henri Proglio, qui passe pour un proche du président Nicolas Sarkozy. Dans un communiqué, le PS a «dénoncé avec force les conditions dans lesquelles s'est décidé le rapprochement entre Transdev et Veolia Transport, qui semble relever essentiellement d'une décision politique commanditée par l'Elysée dans le but de satisfaire les responsables de Veolia Transport».

    Chez Veolia, on fait cependant valoir que «c'est un beau projet industriel, et pas une question politique». Un porte-parole a mis en avant «la complémentarité géographique» des deux opérateurs: outre la France, le groupe est ainsi très présent en Allemagne, et Transdev aux Pays-Bas.

    Une diminution de la concurrence

    C'est un coup dur pour la SNCF dont le président Guillaume Pepy avait confirmé début juillet son «intérêt» pour Transdev. Perdante dans ce dossier, la SNCF pourrait toutefois obtenir, en guise de consolation, Veolia Cargo, filiale de fret ferroviaire mise en vente par Veolia.

    Si le projet de fusion se concrétise, le Groupement des autorités responsables de transport (GART) redoute des «répercussions sur le coût du transport collectif» et une «diminution de la concurrence». Cette association qui regroupe 270 autorités organisatrices des transports (agglomérations, départements et régions), avec l'objectif d'améliorer les déplacements et de favoriser le développement des transports publics.

    Veolia, un géant endetté

    La fusion entre Veolia Transport et Transdev se fera sans sortie de cash: «La parité serait atteinte, après analyse et évaluation des deux entreprises, par ajustement des structures financières», selon la CDC. Des parités qui seront difficiles à trouver, car Veolia pèse trois fois plus que Transdev, avec un chiffre d'affaires de 6,059 milliards d'euros (contre 2,27 milliards).

    Autre casse-tête, la dette de Veolia: Michel Bouvard a ainsi promis d'être «vigilant» sur «l'endettement de Veolia Transport, qui est beaucoup plus important que celui de Transdev».