Législatives : LFI et PS annoncent un « accord » sur la répartition des circonscriptions à gauche

Le négociateur pour les Insoumis et des responsables socialistes ont annoncé une répartition de candidats entre LFI, le PS, EELV et le PCF. Les Insoumis conservent leur avantage des législatives de 2022 mais perdent du terrain au profit des socialistes.

Les leaders des différents partis de gauche ont annoncé lundi soir le lancement d'un projet de nouveau "Front populaire" qui présentera des candidats uniques aux législatives. LP / Olivier Corsan
Les leaders des différents partis de gauche ont annoncé lundi soir le lancement d'un projet de nouveau "Front populaire" qui présentera des candidats uniques aux législatives. LP / Olivier Corsan

    Les tractations ont porté leurs fruits. LFI et le PS ont annoncé qu’un « accord » sur la répartition des circonscriptions entre les candidats de gauche avait été trouvé, jetant les bases du nouveau « Front populaire » en projet depuis lundi soir, en vue des législatives anticipées les 30 juin et 7 juillet.

    Les deux forces politiques avancent des chiffres proches mais pas tout à fait similaires. La tendance reste toujours globalement à l’avantage pour les Insoumis, qui conservent la majorité des circonscriptions, devant les socialistes qui ont largement gonflé leur nombre de candidats par rapport aux législatives de 2022, suivis par les Verts qui perdent des places et les communistes, pour qui la situation évolue peu en revanche.

    Autour de 230 candidats pour LFI

    Le député LFI Paul Vannier, chargé des négociations avec les autres partis de gauche, a indiqué mercredi à l’AFP qu’un « accord » avait été trouvé sur ce sujet. Selon lui, la quasi-totalité des 577 circonscriptions ont été réparties comme ceci : les Insoumis présenteront 230 candidats, les socialistes 170, les Écologistes aux alentours de 90 et les communistes 50.

    Du côté du PS, le parti a confirmé mercredi dans un courrier envoyé à ses adhérents qu’un « accord de principe » avait été trouvé entre les différents partis de gauche. LFI aura 229 candidatures, le PS 175, EELV 92 et le PCF 50, précisent les responsables socialistes Pierre Jouvet et Sébastien Vincini dans ce courrier, en relevant que « le travail essentiel sur le programme est toujours en cours de discussion » et assurant qu’il n’y aura « aucune concession sur nos valeurs ».



    Un peu plus tôt, une source socialiste avait indiqué à l’AFP que les « chiffres ne sont pas stabilisés », alors qu’un communiste précise qu’il y aura des « réajustements », selon quelle force est la plus à même de l’emporter dans chaque circonscription. « Il reste à discuter d’échanges de circonscriptions », reconnaît Paul Vannier.

    « Toutes les circonscriptions des députés sortants sont sanctuarisées », a-t-il également indiqué, alors que le cas du LFI Adrien Quatennens par exemple, condamné en décembre 2022 pour violences conjugales, fait débat chez les socialistes et les Écologistes.

    « Cet accord acte la progression des socialistes »

    Au moment de l’alliance Nupes qui s’était constituée pour les législatives de 2022, les Insoumis, forts des 22 % de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle, avaient présenté 328 candidats, EELV 100, le PS 70 et le PCF 50. Les élections européennes ont visiblement rebattu les cartes : la liste PS - Place publique de Raphaël Glucksmann a pris l’avantage (13,8 %), devant celle LFI de Manon Aubry (9,9 %) et EELV de Marie Toussaint (5,5 %). « On a fait des efforts conséquents », a estimé le négociateur insoumis Paul Vannier.

    « Cet accord acte la progression des socialistes mais n’oublie pas la présidentielle », a-t-il affirmé. « Nous voulions nous baser sur une moyenne des législatives, des présidentielles et des européennes alors que les socialistes voulaient seulement prendre en compte le résultat des européennes », a précisé le député du Val-d’Oise. Selon lui, la répartition, qui ne comprend pas les Outre-mer et la Corse, a été actée à l’issue d’une longue nuit de négociations, très tôt mercredi matin.

    Le programme de fond reste à arbitrer

    En parallèle des négociations sur les circonscriptions, des négociations programmatiques sont également en cours depuis mardi entre les différents partis de gauche. « Oui, les discussions avancent mais on n’y est pas encore. Il reste des vrais points importants sur le fond », indique pour sa part la maire PS de Nantes, Johanna Rolland, à l’AFP.



    « Il y a des points monstrueux qui sont bloquants, sur la base de la base, les fondamentaux », s’alarme quant à lui un proche de Raphaël Glucksmann, la tête de liste socialiste arrivé premier de la gauche aux européennes dimanche soir, qui prévient : « ils peuvent faire tous les accords de circos, si on n’a pas d’accord sur le fond… Il n’y aura pas d’accord ». De son côté, Paul Vannier fustige des « provocations » de Place publique, le petit parti de l’eurodéputé. En parallèle, une réunion des chefs de parti avait lieu au siège du Parti communiste français à Paris.

    Prenant la parole en public pour la première fois depuis la dissolution de l’Assemblée nationale ce mercredi, Emmanuel Macron a vivement critiqué cette union de gauche, soulignant justement les dissensions entre Insoumis et socialistes. Cette alliance « n’est même pas baroque » mais « indécente », a-t-il notamment fustigé, disant avoir « une pensée ces 24 dernières heures pour Léon Blum », qui « doit se retourner dans sa tombe aujourd’hui ».