« Une explosion des cas » : près de 190 foyers de fièvre catarrhale ovine confirmés en France

Alors que la campagne de vaccination se poursuit, le ministère de l’Agriculture a dénombré 190 foyers de la maladie qui touche plusieurs milliers d’animaux sur le territoire depuis début août.

« On fait face à une explosion des cas, mais toujours à proximité des premiers foyers (…) dans une zone qui s’élargit peu », tempère le ministère. LP/Maëlle Roudaut
« On fait face à une explosion des cas, mais toujours à proximité des premiers foyers (…) dans une zone qui s’élargit peu », tempère le ministère. LP/Maëlle Roudaut

    La « maladie de la langue bleue » se propage dans le pays. Le nombre de foyers de fièvre catarrhale ovine (FCO) a plus que quadruplé en France en huit jours, avec 190 foyers confirmés au jeudi dernier, concernant essentiellement des brebis et des moutons, a-t-on appris ce vendredi auprès du ministère de l’Agriculture.

    « On fait face à une explosion des cas, mais toujours à proximité des premiers foyers (…) dans une zone qui s’élargit peu », tempère le ministère. Désormais, dix départements sont touchés par la maladie : Aisne, Ardennes, Haute-Marne, Marne, Meurthe-et-Moselle, Meuse, Moselle, Nord, Oise, Pas-de-Calais.

    Une campagne de vaccination trop tardive ?

    Dans son précédent bilan, le gouvernement faisait état de 41 foyers répartis dans six départements différents. Pourquoi une telle hausse de cas ? Pour la Fédération nationale ovine (FNO), la vaccination contre cette maladie non transmissible à l’homme a débuté trop tard.

    « On est bien dans une phase d’explosion. On aurait pu vacciner un mois plus tôt pour avoir l’immunité acquise au pic de l’épidémie », a déclaré Emmanuel Fontaine, en charge des affaires sanitaires à la FNO, association créée par la FNSEA. Le nouveau sérotype (3) du virus, au cœur de la nouvelle épidémie, est apparu le cinq août dernier.

    La fièvre catarrhale ovine se manifeste par de la fièvre, des troubles respiratoires, une langue pendante ou encore la perte des petits en gestation et parfois par la mort des animaux, dans des proportions variables d’un élevage à l’autre. Sa détection n’entraîne pas l’abattage des bêtes, contrairement à la grippe aviaire. Elle touche aussi les bovins, mais avec une mortalité très faible.

    « Des cadavres à la pelle » dans les prochains jours ?

    Dans les Ardennes, Bruno s’impatiente car lui et d’autres éleveurs réclament « des vaccins depuis le mois d’octobre ! » Il vaccine depuis deux jours un troupeau déjà en partie malade et s’attend « à ramasser des cadavres à la pelle » dans les prochains jours.

    « Maintenant, il faudrait élargir la zone de vaccination et commander environ 2 millions de doses supplémentaires » pour les ovins, estime Emmanuel Fontaine, alors que l’État a pour le moment prévu de distribuer 1,1 million de doses pour les ovins et 5,3 millions pour les bovins, en ciblant les régions les plus à risques, au nord de la Loire où les déplacements d’animaux sont soumis à restriction.

    Face à l’accélération de la propagation, le gouvernement affirme être « à l’écoute de la détresse des éleveurs » et « n’exclut rien », sans s’engager à passer pour le moment de nouvelles commandes de vaccins. Le ministère de l’Agriculture reconnaît des « lenteurs » dans la première phase de déploiement des vaccins, même s’il affirme que la campagne de vaccination a démarré « avant l’arrivée des premiers cas » en France.

    Le sud de la France touché par un autre variant

    Depuis quelques années, la fièvre catarrhale ovine est de plus en plus présente en France avec d’autres sérotypes, c’est-à-dire d’autres variations de la maladie. Le sud du pays est actuellement confronté à une épizootie de type huit qui a causé la mort de milliers de bêtes dans des élevages ces dernières semaines.

    Si les frais de vétérinaire et de vaccination sont pris en charge par l’État pour le sérotype 3, le remboursement de la vaccination contre le sérotype 8 ne l’est pas. Jeudi, des éleveurs ont manifesté à Foix (Ariège) après l’appel de la Confédération paysanne (3e syndicat agricole) pour réclamer des indemnisations après la mort estimée de 4 000 brebis en Occitanie depuis juin.

    « Cette année, nous faisons face à un nouveau variant du sérotype 8, plus virulent et qui progresse. Avant, le moucheron culicoïde (insecte vecteur) n’évoluait pas au-delà de 800 m d’altitude, maintenant, on a des élevages touchés à 1 000 m », explique Emmanuel Fontaine.

    « C’est pour cela que les éleveurs demandent une aide de l’État. Entre la FCO 8 qui remonte et la FCO 3 qui descend, les éleveurs du centre, où se concentrent les gros troupeaux, sont pris en étau », prévient-il, inquiet pour l’avenir du cheptel français, d’un peu moins de 6 millions de brebis.

    En parallèle la fièvre ovine se diffuse également dans le reste de l’Europe, notamment en Belgique, aux Pays-Bas et en Allemagne.