A Viry-Chatillon, le street artiste à la craie Jordane Saget customise la cour de récré avec les collégiens

Près de 300 élèves du collège Olivier de Serres ont réalisé ce lundi une oeuvre de street art éphémère en recouvrant presque entièrement la cour de récréation, selon la technique et sous la direction de Jordane Saget, grand spécialiste du dessin à la craie.

Viry-Chatillon, lundi 4 avril 2022. En compagnie du street artiste Jordane Saget (à gauche en pull gris et noir), les élèves du collège Olivier de Serres ont réalisé une œuvre éphémère dans la cour de récréation. LP/Nolwenn Cosson
Viry-Chatillon, lundi 4 avril 2022. En compagnie du street artiste Jordane Saget (à gauche en pull gris et noir), les élèves du collège Olivier de Serres ont réalisé une œuvre éphémère dans la cour de récréation. LP/Nolwenn Cosson

    Boîte de craies blanches à la main, Jérémy Besse serpente dans la cour de récréation. Le conseiller principal d’éducation du collège Olivier de Serres de Viry-Chatillon (Essonne) n’a pas besoin de chercher très longtemps pour trouver des volontaires. Autour de lui, près de 300 élèves prennent possession de la dalle de béton. S’inspirant du style visuel unique de Jordane Saget, fondé sur un trio de lignes, ils ont décidé, ce lundi midi, de laisser parler leur imagination. En seulement 1h30, des milliers de minivagues, de serpentines et autres formes circulaires apparaissent sous l’œil attentif du street artiste.

    Depuis 2015, le quadragénaire sillonne les rues de Paris pour dessiner à la craie ou au pinceau ses lignes sans jamais signer ses créations. En quelques années, il a créé près de 2000 œuvres, éphémères ou permanentes. « Le projet est né l’année dernière lorsque des professeurs d’anglais ont commencé à travailler avec leurs élèves sur le street art, raconte le conseiller principal d’éducation. Comme souvent, lorsque nous nous penchons sur un thème, j’aime faire en sorte qu’il soit lié au réel. Qu’on investisse directement les élèves. Je connaissais le travail de Jordane Saget. Quand on pense street art, on imagine tout de suite des bombes de peinture. Là, je voulais qu’ils découvrent un autre univers. »



    Le 28 mars, 50 élèves de l’établissement ont visité son atelier à Paris. Pendant qu’une vingtaine de jeunes échangeaient avec l’artiste, une trentaine s’est mise à dessiner au sol et à la craie des figures. « Cela l’a touché. Nous avons posté notre réalisation sur TikTok. En quelques heures, nous avons eu 75 000 vues, raconte Jérémy Besse. Cela montre la force des réseaux sociaux, et que ce n’est pas toujours dans le négatif. »

    Une rencontre qui a débouché sur ce défi lancé ce lundi : recouvrir entièrement la cour de récréation de dessins faits à la craie. « On a commencé cette partie à deux et d’autres nous ont rejoints », explique Keyssie, élève de 6e. Sous ses pieds, des centaines de coups craies vont et viennent au fil de leurs envies. « On a regardé le tuto que l’artiste nous a envoyé. Au départ, ce n’était pas simple, reconnaît Meryl. Mais on prend rapidement le coup de main. C’est une activité très sympa. On en fait rarement des comme ça. »

    Une œuvre éphémère qui disparaîtra avec la pluie

    Fanimata, élève de 5e, profite d’une pause pour étendre ses jambes. « Je commence à avoir des crampes à force d’être agenouillée », explique-t-elle. Pourtant l’élève ne boude pas son plaisir. « Jamais je n’aurais imaginé que ce serait possible de dessiner partout dans notre cour, sourit l’adolescente. Au début, je n’osais pas vraiment. C’est ma copine qui est venue m’aider. Après ça vient tout seul. »

    Viry-Chatillon, lundi 4 avril 2022. La cour a presque entièrement été coloriée à la craie blanche.
    Viry-Chatillon, lundi 4 avril 2022. La cour a presque entièrement été coloriée à la craie blanche.

    Fiers de leur travail, les élèves viennent régulièrement solliciter Jordane Saget pour obtenir son approbation. « Ils sont impressionnants. C’est hyper touchant de leur voir jouer ainsi tous le jeu, confie-t-il. Et cela se voit qu’ils ont pris les choses à cœur, qu’ils ont étudié mon tuto avant. Quand je vois qu’il y a de l’intérêt, j’adore ça. Être ici, cela ne me coûte rien, juste du temps. Et eux ont pris du temps pour venir visiter mon atelier, c’était normal d’être ici aujourd’hui. »



    À peine l’œuvre finie, elle risque de s’effacer avec le retour annoncé de la pluie. « C’est aussi cela qui est beau, c’est qu’elle est éphémère. Un coup de pluie, et il n’y aura plus rien, conclut Jérémy Besse. Mais cela laisse toujours la possibilité de recommencer. »