Dans ce centre d’accueil de Corbeil-Essonnes, les réfugiés ont six mois pour trouver un logement et un emploi

Le site accueille ses premiers résidents depuis début mai. Parmi eux, Shamin, 34 ans, qui a fui l’Afghanistan en 2014. Chauffeur routier dans son pays, il participe assidûment aux cours de français dans le but de trouver du travail.

Corbeil-Essonnes, mardi 17 mai 2022. Dans ce centre d'accueil unique en France pour les réfugiés sans abri, les bénéficiaires poursuivent leur apprentissage avec une professeure de français (robe rouge). LP/F.G.
Corbeil-Essonnes, mardi 17 mai 2022. Dans ce centre d'accueil unique en France pour les réfugiés sans abri, les bénéficiaires poursuivent leur apprentissage avec une professeure de français (robe rouge). LP/F.G.

    Le lieu est unique en France. Depuis le 9 mai, la résidence Lafayette à Corbeil-Essonnes accueille ses premiers résidents : des hommes, tous réfugiés, isolés, sans solution de d’hébergement, et proches de l’insertion professionnelle. Au total, 47 chambres doubles ont été mises à disposition par l’association PARME, qui propose des solutions d’hébergement temporaire, avec un objectif : qu’ils puissent retrouver au plus vite leur autonomie. Pour cela, ils se sont engagés à suivre une série d’ateliers pour parfaire, entre autres, leur pratique du français.



    Parmi les premiers arrivés, Shamin, 34 ans, profite d’un peu de répit après cinq ans d’errance. « J’ai quitté l’Afghanistan en 2014, explique-t-il en français. Ça a été difficile de venir ici… J’ai voyagé en voiture mais aussi à pied. » Avant de fouler le sol français en 2017, Shamin a traversé l’Iran, la Turquie, la Grèce, la Macédoine, la Serbie, la Slovénie et l’Italie. Un long voyage de trois ans sur lequel il ne s’exprimera pas. « J’ai dû partir à cause des talibans et de tous les problèmes qu’il y a là-bas, commente-t-il sobrement. C’était devenu trop dangereux. »

    Corbeil-Essonnes, mardi 17 mai 2022. Les chambres doubles mises à disposition des réfugiés sont toutes équipées d'une salle de bain.
    Corbeil-Essonnes, mardi 17 mai 2022. Les chambres doubles mises à disposition des réfugiés sont toutes équipées d'une salle de bain.

    « Mon projet, c’est de reprendre mon métier de chauffeur routier »

    Il n’y a encore pas si longtemps, Shamin vivait dans un camp de réfugiés, porte de la Chapelle à Paris. « Ça change beaucoup d’être ici, fait-il remarquer. Je prends des cours des français pour trouver du travail. Mon projet, c’est de reprendre mon métier de chauffeur routier. »

    Pour bénéficier de cette expérimentation portée par la délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement qui a mis 2 M€ dans le projet, Shamin et ses camarades ont dû prendre des engagements. « Le recrutement est ciblé, précise le délégué interministériel, Sylvain Mathieu. Nous avons confié la mise en œuvre du projet au groupe SOS Solidarités qui est le plus grand opérateur social d’Europe. » Le programme vise à leur rendre leur autonomie rapidement, notamment avec l’obtention d’un logement et d’un emploi. Le contrat, conclut pour une durée de six mois, est renouvelable pour une durée de deux fois trois mois.



    « Accueillir ces jeunes hommes est un choix politique, résume le maire de Corbeil-Essonnes, Bruno Piriou (DVG). Mais ce choix ne va pas de soi… Sinon, il y aurait des centaines de centres comme celui-ci en France. » Dans son allocution, le préfet de l’Essonne, Éric Jalon, a rappelé « le viscéral attachement de la France au droit d’asile » : « Est-ce que nous nous contentons de délivrer un simple papier ? Évidemment non, précise-t-il. Nous devons faire quelque chose de plus. Cette expérimentation, exigeante et ambitieuse, est une des multiples réponses que nous pouvons donner. »