Le tatouage pour se reconstruire : en Essonne, Vanessa camoufle les accidents de la vie

Cette dermo-technicienne installée à Chevannes pratique la pigmentation correctrice. Avec du maquillage permanent, elle fond les blessures, cicatrices et brûlures dans la couleur de la peau… et aide ses patients à tourner la page.

Chevannes (Essonne), mardi 14 février. Vanessa Charland est devenue dermo-technicienne après avoir été elle-même victime d'un accident du travail et opérée. LP/C.B.
Chevannes (Essonne), mardi 14 février. Vanessa Charland est devenue dermo-technicienne après avoir été elle-même victime d'un accident du travail et opérée. LP/C.B.

    « J’y pense tous les jours. Je suis obligée de faire attention tout le temps, je vérifie que je n’ai pas un sourcil qui est parti au milieu de la journée. Et s’il pleut, je me dis : Merde, mes sourcils ! » Emmanuelle s’est battue contre un cancer du sein. La chimio a eu la peau de sa tumeur mais a emporté ses sourcils. « Ça fait cinq ans et ça ne repousse pas. » Une broutille par rapport à l’épreuve qu’elle a vécue. « Ce n’est pas grave en soi, convient-elle. Mais c’est un inconfort quotidien. »

    Car tous les jours, elle se pose devant son miroir, prend son crayon et son feutre et dessine ces lignes de poils qui « donnent une expression au visage » : « Je ne les enlève quasiment jamais. Je ne veux plus confronter mes filles à ça. » La maladie est derrière elle aujourd’hui. Mais elle impose encore sa loi. Son souvenir. Ce reflet. Cet instant n’est pas une séance de coquetterie mais un rappel quotidien à des moments douloureux. Un fil à la patte dont elle aimerait bien se défaire. « Arrêter de subir. Une fois que vous avez passé tout ça, vous avez envie d’oublier un peu », souffle la pétillante quadragénaire.