Massy : le Festival international du cirque annulé à cause de la grève dans les transports

Par application de la clause dite de force majeure, le bureau de l’association en charge de l’organisation a pris la décision d’annuler la 28e édition de ce rendez-vous qui était programmée du 9 au 12 janvier.

 Massy, mardi 24 décembre 2019. Cette fois-ci, l’immense chapiteau sera démonté sans qu’aucun numéro n’ait été donné.
Massy, mardi 24 décembre 2019. Cette fois-ci, l’immense chapiteau sera démonté sans qu’aucun numéro n’ait été donné. LP/Gérald Moruzzi

    L'excitation, puis l'abattement. Voilà par quelle dégringolade émotionnelle sont passés les bénévoles les plus impliqués du Festival international du cirque de Massy, en cette semaine de Noël. Lundi soir, ils ont appris que la 28e édition de ce rendez-vous, qui devait se dérouler du 9 au 12 janvier 2020 dans le parc Georges-Brassens, n'aurait pas lieu. Les as de la voltige, les clowns et les dompteurs d'animaux, dont la présence mobilise des défenseurs de la cause animale ces dernières années, n'investiront pas le grand chapiteau bleu.

    Le bureau de l'association en charge de l'organisation de cette manifestation a pris la décision d'annuler le festival « par application de la clause dite de force majeure ». Face à un mouvement social à l'issue improbable dans les transports publics, tant en France qu'en Ile-de-France, il n'y avait, selon les organisateurs, pas d'autre solution.

    « Une décision très difficile à prendre »

    « C'est une décision très difficile à prendre, mais c'est une décision de sagesse », confie Bata Gluvacevic, le président de l'association, qui avait comptabilisé près de 14000 entrées lors de la 27e édition. L'annonce, jeudi dernier, d'une nouvelle journée interprofessionnelle d'action pour le 9 janvier prochain a sonné pour lui comme un coup de tonnerre, puis très vite comme un coup d'arrêt. « Nous étions censés débuter le festival ce jour-là », rappelle-t-il.

    La crainte des embouteillages et autres conséquences des difficultés dans les transports et sur la route a eu raison du festival. D'autant plus que la fermeture habituelle pendant l'événement de la N188 toute proche, qui sert d'ordinaire de parking pour les spectateurs, « aurait pu être remise en cause par les autorités administratives » du fait de la grève.

    Impossible de déplacer les dates du festival

    Sylvie, 36 ans, habite le quartier Massy-opéra, situé non loin du parc Georges-Brassens. Cette mère de famille est déçue : « Ils auraient peut-être pu repousser le festival à un peu plus tard, le temps que les choses s'apaisent », analyse celle qui s'apprêtait à acheter plusieurs places, avec pour horizon l'émerveillement de ses enfants. « Il est impossible techniquement de déplacer les dates, explique Bata Gluvacevic. Le grand chapiteau a été loué pour une période très précise. Après Massy, la structure doit partir en Espagne. »

    Le long travail effectué en amont pour donner forme au programme du cirque ne se matérialisera pas. « C'est très dur pour Michel Frey, notre directeur artistique, qui débute toujours sa quête de numéros dès le mois de février, confie le président de l'association. Il est en contact direct avec tous les artistes qui avaient été sélectionnés pour cette édition. Il devait y avoir 24 numéros venus du monde entier. »

    À la mairie de Massy, où l'on subventionne le festival à hauteur de 105 700 euros et fournit une aide technique en mobilisant certains personnels de la ville, on comprend l'affliction des bénévoles. « C'est douloureux de voir un an de travail passer à la trappe, estime Pierre Ollier, premier adjoint au maire délégué à la culture. C'est une décision courageuse. »

    La prochaine édition déjà dans les têtes

    Les efforts réalisés tout au long de l'année pour façonner le spectacle pourraient finalement être utiles. Passé la tristesse, Bata Gluvacevic va de l'avant : « Nous pensons déjà à la prochaine édition, la 28e bis, glisse-il dans un sourire. Les artistes prévus cette année seront prioritaires, s'ils veulent revenir. » Ils devraient répondre par l'affirmative, tant ce rendez-vous pèse dans le milieu circassien. « Les artistes qui gagnent un prix à Massy sont assurés de trouver des contrats pour l'année », souligne Bata Gluvacevic.

    En attendant, il va falloir rembourser tous les spectateurs qui ont acheté des billets. « Nous en avions vendu un peu moins de 10 000, et quasiment plus aucun depuis l'annonce de la manif du 9 janvier », précise celui pour qui le festival international du cirque de Massy a de l'avenir. « Si un jour le festival doit prendre fin définitivement, ce ne sera pas sur un échec, mais en beauté. »

    UNE ASSOCIATION DE DÉFENSE DES ANIMAUX ACCUEILLE CETTE ANNULATION « AVEC JOIE »

    Massy, vendredi 25 janvier 2019. Une trentaine de personnes mobilisées pour un Festival international du cirque de Massy sans animaux ont effectué un happening sous les fenêtres de la mairie./LP/Gérald Moruzzi
    Massy, vendredi 25 janvier 2019. Une trentaine de personnes mobilisées pour un Festival international du cirque de Massy sans animaux ont effectué un happening sous les fenêtres de la mairie./LP/Gérald Moruzzi LP/Gérald Moruzzi

    Depuis quelques années, la présence de numéros utilisant des animaux au Festival international du cirque de Massy est décriée par des associations. En janvier dernier, deux semaines après la 27e édition du rendez-vous, l'association Paris Animaux Zoopolis avait organisé, avec le soutien actif du collectif animaliste Stan (Sur terre avec nous), une manifestation sous les fenêtres de Nicolas Samsoen, le maire (UDI) de Massy. Ce dernier avait rencontré une délégation. « Nous aurions préféré que le maire de Massy prenne conscience de ce que vivent les animaux emprisonnés, mais nous accueillons tout de même cette nouvelle avec joie! », déclare l'association Paris Animaux Zoopolis dans un communiqué.