Anesthésiste de Besançon : les empoisonnements ne sont pas accidentels selon le parquet

Le parquet n'exclut pas la découverte de nouveaux cas, en plus des sept déjà identifiés.

Selon L'Est Républicain, le médecin anesthésiste travaillait à la clinique Saint-Vincent.
Selon L'Est Républicain, le médecin anesthésiste travaillait à la clinique Saint-Vincent. Google street view/DR

    «Ce n'est pas un accident». Le médecin anesthésiste de 45 ans, mis en examen et placé sous contrôle judiciaire dans la nuit de lundi à mardi pour «empoisonnement avec préméditation», ne pouvait qu'être conscient de son acte selon le parquet de Besançon (Doubs). Selon l' Est républicain, celui-ci n'exlue pas d'autres cas.

    Selon les premiers éléments de l'enquête, sept victimes ont reçu au cours de leurs opérations des «doses létales de substances», dont la nature n'a pas été précisée, qui ont provoqué un arrêt cardiaque. Deux d'entre elles n'ont pas pu être réanimées : un homme de 53 ans décédé en 2008 pendant une opération des reins, et une femme de 51 ans est décédée en 2016 au cours d'une opération pour une fracture.

    «De fortes quantités de potassium où d'anesthésiques, à doses létales»

    «Il n'y a pas de corrélation entre les patients, qui viennent de tous horizons et qui étaient opérés pour du visceral, de l'urologie ou suite à des fractures notamment», a indiqué mardi la vice-procureure Christine De Curraize. Les analyses toxicologiques réalisées dans des poches de soluté de réhydratation et de paracétamol, utilisées lors de l'opération de certaines des victimes, «ont permis de retrouver de fortes quantités de potassium où d'anesthésiques, à doses létales».

    La nature et les doses introduites «sciemment» dans ces poches de perfusion, «là où normalement, elles n'ont pas lieu d'être», indiquent qu'«il ne pouvait s'agir que d'actes volontaires de nature à entraîner la mort des patients». Et de nouvelles victimes pourraient encore être découvertes : «Ce dossier va nécessiter un certain nombre d'expertises, et on n'est pas à l'abri de voir le nombre de victimes s'élargir».

    «Il dit passer sa vie à réanimer les gens, pas à les tuer»

    Le parquet, qui avait demandé le placement en détention provisoire du praticien, a annoncé qu'il ferait appel de son placement sous contrôle judiciaire. Celui-ci, également interdit d'exercer sa profession et dans l'obligation de verser une caution de 60 000 euros, conteste catégoriquement les faits qui lui sont reprochés. Il risque jusqu'à trente ans de prison.

    «Mon client conteste fondamentalement tout empoisonnement que ce soit. Il dit passer sa vie à réanimer les gens, pas à les tuer», a estimé son avocat, Me Randall Schwerdorffer, «l'accident ou la négligence restent des hypothèses tangibles». «C'est un professionnel archireconnu, de grande qualité, qui pratique 2 000 anesthésies par an, et dont le métier est plus qu'un métier, c'est une passion», a-t-il affirmé, dénonçant une «accusation ahurissante et fragile».

    À la Clinique Saint-Vincent, où il exerçait jusqu'à sa présentation devant le juge, «une très grande partie du programme opératoire, non urgent, a été annulé aujourd'hui (ndlr, ce mardi), car l'information a provoqué un choc émotionnel parmi les personnels qui doivent absorber le vif émoi que ça suscite», a confié la directrice de l'établissement, Valérie Fakhoury. Plusieurs infirmières travaillant avec le praticien et souhaitant garder l'anonymat ont estimé que «c'est un bon anesthésiste, quelqu'un de bien, avec qui on aimait travailler».