Anesthésiste de Besançon : «On lui reproche d'avoir été bon», selon son avocat

Le médecin au-dessus de tout soupçon a été mis en examen pour sept empoisonnements. Mais une quarantaine d'autres cas suspects sont examinés par les enquêteurs

Me Randall Schwerdorffer.
Me Randall Schwerdorffer. AFP/PHILIPPE DESMAZES

    L'avocat de Frédéric P. estime que la justice se trompe. Il parle même « d'horreur judiciaire ».

    Que répond votre client face à ces lourdes accusations ?

    Me Randall Schwerdorffer. Il les conteste avec force et ne comprend tout simplement pas ce qui lui arrive. C'est un professionnel archi reconnu, de grande qualité, qui pratique 2 000 anesthésies par an, et dont le métier est plus qu'un métier : c'est une passion. Ce dossier ne repose que sur les impressions des enquêteurs qui se sont focalisés sur l'hypothèse criminelle au lieu d'explorer d'autres possibilités, une contamination accidentelle par exemple.

    On parle tout de même de doses létales introduites à répétition...

    Cette affaire éclate uniquement parce qu'il est présent ou à proximité lors de ces incidents cardiaques, et parce qu'un collègue s'est étonné qu'il ait immédiatement posé le bon diagnostic. En clair, on lui reproche d'avoir été bon ! De là naît un parti pris chez les enquêteurs. On y raccroche ensuite des faits anciens pour lesquels il n'a pas été mis en cause, qui, subitement, deviennent des éléments à charge. Il n'y a aucun élément probant permettant de dire qu'il est responsable de la contamination de ces poches. On se dit juste : « Tiens, c'est troublant. » Mais c'est à lui, dans le même temps, qu'on demande de prouver qu'il n'a rien fait ! Si ce dossier reposait sur des éléments solides, il n'aurait pas été laissé libre sous contrôle judiciaire, mais placé en détention provisoire.

    Comment se sent-il aujourd'hui ?

    Il est abattu mais reste combatif. C'est une situation terrible à vivre : un médecin n'a comme ressource que sa réputation. Une fois celle-ci entachée, sa carrière est ruinée. Comment voulez-vous qu'il puisse retravailler un jour avec cette étiquette « d'empoisonneur en série » ? Cette affaire est une horreur judiciaire, malheureusement la justice n'a aucun état d'âme. Quand elle se trompe, elle ne s'excuse jamais.