Coronavirus : près de 10 000 détenus en moins dans les prisons depuis un mois

Un mouvement de libération anticipée permet de désengorger les établissements pénitentiaires.

 Pour éviter une crise sanitaire et sécuritaire, l’administration veut désengorger les prisons.
Pour éviter une crise sanitaire et sécuritaire, l’administration veut désengorger les prisons. LP/Jean Nicholas Guillo

    Le nombre de détenus dans les prisons françaises a diminué de près de 10 000 en un mois en raison de la crise du Covid-19, faisant baisser le taux de population carcérale à 103 %, a annoncé mercredi le directeur de l'Administration pénitentiaire.

    « La diminution constatée au 13 avril est de 9 923 détenus depuis le 16 mars […] pour atteindre 62 650 détenus », a déclaré Stéphane Bredin, auditionné par la commission des lois de l'Assemblée nationale. Cette forte baisse, qui vise à éviter une crise sanitaire et sécuritaire dans les prisons, est notamment due à un ralentissement de l'activité judiciaire et à des libérations anticipées.

    « L'impact (NDLR : de la crise) sur nos détentions est très fort », a souligné le directeur. La densité carcérale « avoisine désormais les 103 % ». Dans les maisons d'arrêt, où sont incarcérés les prévenus et les courtes peines, et où la surpopulation est la plus lourde, la densité est tombée à 116 %. Le taux de surpopulation y a « diminué de 22 % depuis le début de la crise ».

    Le taux d'occupation descendra « sans doute » à 100 %

    Le 1er mars, les prisons françaises, confrontées depuis des années à une surpopulation chronique comptaient 72 400 détenus, soit un taux d'occupation de 119 %. « On approche des 10 000 détenus en moins », a déclaré le directeur de l'administration pénitentiaire, estimant que le taux d'occupation descendra « sans doute » à 100 % dans le courant de la semaine prochaine.

    Appelée à libérer « massivement » et en « urgence » des détenus, la garde des Sceaux Nicole Belloubet avait ouvert la voie à la libération anticipée de détenus malades et d'autres en fin de peine.

    Le gouvernement a été appelé, aussi bien par la contrôleure des prisons que des magistrats et des avocats, à désengorger les prisons surpeuplées afin d'éviter une crise sanitaire si le coronavirus devait s'y propager. De plus, les tensions se multiplient dans les prisons, faisant redouter un scénario à l'italienne, où des mutineries violentes ont fait plusieurs morts.