Gilets jaunes : Bourges sera-t-elle l’épicentre de l’acte 9 ?

La grande manifestation annoncée par Priscillia Ludosky à Bourges samedi n’avait toujours pas été déclarée ce jeudi. Mais la ville se prépare.

 L’une des figures du mouvement, Priscillia Ludosky, a annoncé un rassemblement dans la préfecture du Cher samedi prochain.
L’une des figures du mouvement, Priscillia Ludosky, a annoncé un rassemblement dans la préfecture du Cher samedi prochain. LP/Olivier Corsan

    Pour cet acte 9 de la mobilisation des Gilets jaunes, pas de Champs-Elysées, d' Hôtel de Ville ou de déambulation dans Paris… C'est à Bourges (Cher) qu'il faudra se rendre samedi prochain, annonce Priscillia Ludosky dans le groupe Facebook « La France en Colère ». La représentante y a posté mardi soir plusieurs informations pratiques sur cette manifestation. Explications.

    Pourquoi Bourges et pas Paris ?

    C'est la situation géographique de la ville, « au centre de la France », qui semble séduire les organisateurs de cet acte 9. Il « permettra à tous d'être à distance égale en partance des grandes villes », détaillent-ils sur Facebook. D'autres publications, moins suivies, justifiaient cette mobilisation par le nom de la ville, et avaient pour slogan « pas de lutte des classes, tous chez les bourgeois ». L'allusion a vite été raillée, les habitants de Bourges ne se nommant pas les bourgeois mais les Berruyers.

    La manifestation n'a pour l'instant pas été déclarée, affirme la préfecture du Cher, qui juge ce rassemblement « dangereux » et présentant « des risques pour la sécurité des participants et organisateurs ». Le rendez-vous est donné à 13 heures en centre-ville pour une allocution avant le départ, à 14 heures, d'une marche qui passera dans plusieurs points de la ville.

    Difficile de dire si cette mobilisation se substituera aux habituels rassemblements parisiens. D'autres événements Facebook, qui n'ont pas été créés par le groupe « La France En Colère », invitent encore des Gilets jaunes à se retrouver dans la capitale. L'un des plus suivis d'entre eux (au moins 15 000 personnes « intéressées ») appelle à une mobilisation samedi près de l'Arche de la Défense.

    Faut-il s'attendre à une forte mobilisation ?

    Comme pour toutes les précédentes manifestations, il est impossible de prévoir précisément le nombre de personnes mobilisées pour cet acte. Mercredi matin, le nombre de participants déclarés sur l'événement Facebook créé à cet effet était de 2400 personnes environ. Plus de 12 000 autres se sont déclarées « intéressées » par la mobilisation. La venue de deux têtes d'affiches du mouvement, Priscillia Ludosky et Maxime Nicolle, pourrait attirer plus de monde que lors des manifestations habituelles dans la ville.

    Lundi, le sous-préfet de Vierzon, Patrick Vautier, disait s'attendre à un rassemblement « de plusieurs centaines, voire plusieurs milliers » de personnes samedi prochain à Bourges, raconte Le Berry Républicain.

    A titre de comparaison, les événements organisant l'acte 8 du samedi 5 janvier à Paris comptaient entre 1500 et 27 000 personnes « intéressées ». Finalement, 3500 personnes s'étaient réunies dans la capitale pour cette manifestation déclarée.

    Quel dispositif est prévu ?

    A Bourges, la préfecture refuse pour l'instant de communiquer précisément sur son dispositif policier. Des renforts ont été demandés à l'Etat. « Nous serons renforcés par d'autres policiers de notre zone de défense, des CRS et des gendarmes en plus d'un rappel total de tous les personnels des commissariats de Bourges et de Vierzon », nous explique David Auroi, représentant syndical SGP Police FO du Cher. Il estime que « plusieurs centaines de forces de l'ordre » seront sur le terrain.

    Après les multiples violences constatées les semaines passées, des mesures ont été anticipées pour protéger les commerçants. Le maire (MR) de la ville, Pascal Blanc, a d'ailleurs recommandé aux commerçants de fermer boutique pour éviter tout risque de dégradations.

    Mais pour les commerçants locaux, pas question de fermer en pleine période de soldes. « Répondre à un chantage des Gilets jaunes n'est pas la solution », affirme Stéphane Jacquet, de l'Office de commerce et d'artisanat de Bourges (Ocab). « Il n'y a pas de raison que ça se passe mal, on reste quand même à Bourges. Il n'y avait que 300 personnes lors des dernières manifestations. »

    Même son de cloche depuis la rue d'Auron, où sont réunis plusieurs commerces indépendants. « Je ne suis pas inquiet », confie Pascal Maillet, de l'Union des commerçants de la rue d'Auron. « Notre rue pourrait être moins concernée que d'autres secteurs de Bourges où il y a de grandes franchises, qui pourraient être plus visées par les Gilets jaunes », analyse le gérant d'une boutique de vêtements.

    Dans la ville, le mobilier urbain sera retiré, les chantiers en cours sécurisés et les illuminations de Noël enlevées, a détaillé le maire Pascal Blanc à la radio locale Radio Numéro 1 mardi. La mairie, les musées, le jardin de l'archevêché et certains parkings seront clos.

    A Paris, malgré les annonces d'un acte 9 dans le Cher, la mobilisation policière sera forte. Plus de 5000 membres des forces de l'ordre seront présents. Des blindés sur roues de la gendarmerie seront déployés dans les rues.

    Au total, 80 000 policiers et gendarmes seront mobilisés dans toute la France, a annoncé le Premier ministre Édouard Philippe lundi soir, en réaction aux violences constatées le week-end dernier.