L’abbé Pierre, fondateur d’Emmaüs, accusé d’agressions sexuelles par plusieurs femmes, révèle un rapport

Dans un rapport publié ce mercredi, par Emmaüs International, plusieurs femmes mettent en cause l’abbé Pierre, longtemps l’une des personnalités préférées des Français. L’ONG met en place une ligne d’écoute pour recueillir d’autres témoignages éventuels.

    L’image de l’abbé Pierre, décédé en 2007, pourrait en être définitivement écornée. Six femmes rapportent des faits pouvant être qualifiés d’agressions sexuelles. Une autre fait état de propos sexistes et de sollicitations dérangeantes, selon un rapport publié par Emmaüs International, ce mercredi. Emmaüs International met en place une ligne d’écoute pour recueillir d’autres témoignages éventuels, selon un article du journal La Croix qui révèle l’information.

    « Il y a un an, Emmaüs France a été destinataire d’un témoignage faisant état d’une agression sexuelle commise par l’abbé Pierre sur une femme », explique le communiqué de presse de l’association humanitaire disponible en ligne. « Le Mouvement Emmaüs rend publics des faits qui peuvent s’apparenter à des agressions sexuelles ou du harcèlement sexuel, commis par l’abbé Pierre, entre la fin des années 1970 et 2005. Ces faits ont concerné des salariées, des volontaires et bénévoles de certaines de nos organisations membres, ou des jeunes femmes dans l’entourage personnel de l’abbé Pierre », ajoute le communiqué.

    « Le Mouvement a mandaté un cabinet expert de la prévention des violences, le groupe Egaé, pour mener un travail d’écoute et d’analyse. Ce travail a permis de recueillir les témoignages de sept femmes », ajoute encore l’association. « L’une d’entre elles était mineure au moment des premiers faits. D’après les informations recueillies, plusieurs autres femmes ont subi des faits comparables, mais n’ont pas pu être entendues », précise l’organisation œcuménique.

    « Ces révélations bouleversent nos structures »

    « Ces révélations bouleversent nos structures, au sein desquelles la figure de l’abbé Pierre occupe une place majeure. Chacun d’entre nous connaît son histoire et son message. Ces agissements changent profondément le regard que nous portons sur un homme connu avant tout pour son combat contre la pauvreté, la misère et l’exclusion », s’émeut-on du côté d’Emmaüs International, Emmaüs France et la Fondation Abbé Pierre.

    « Le choc a été immense pour nous. La priorité est de faire preuve d’une totale transparence et faire tout ce qui est en notre capacité pour aider et soutenir les personnes qui ont eu le courage de témoigner. Je pense aussi aux personnes que nous aidons et accompagnons au quotidien, qui subissent la pauvreté, le mal-logement. Nous allons vivre une période mouvementée, mais je veux leur dire que nous allons poursuivre sans relâche notre combat auprès d’elles », a aussi déclaré Marie-Hélène Le Nédic, présidente de la Fondation Abbé Pierre.

    Un dispositif de recueil de témoignages et d’accompagnement, « strictement confidentiel, s’adressant aux personnes ayant été victime ou témoin de comportements inacceptables de la part de l’abbé Pierre », a été mis en place, selon les trois associations. Selon une source interne à Emmaüs citée par l’AFP, aucun signalement à la justice n’a été fait à ce stade.

    L’Église catholique en France a déclaré mercredi sur X avoir appris « avec douleur » ces témoignages. Attendant de prendre connaissance du rapport publié, la Conférence des évêques de France « tient à assurer les personnes victimes de sa profonde compassion et de sa honte que de tels faits puissent être commis par un prêtre », souligne ce message publié peu après ces révélations.

    « L’abbé Pierre a eu, dans notre pays et dans le monde, un impact remarquable ; il a éveillé les consciences sur la responsabilité de tous à l’égard des personnes en précarité, et a renouvelé le regard que notre société porte sur les plus pauvres. Mais sa position ne saurait dispenser du travail de vérité nécessaire, que vient de réaliser Emmaüs avec clarté et courage, en se mettant à l’écoute des personnes plaignantes et en menant cette enquête dont le rapport vient d’être publié », écrit l’Église catholique dans son communiqué.