Le suspect du double meurtre de Rouen renvoyé aux assises

Jean-Claude Nsengumukiza, un multirécidiviste expulsable au moment des faits, est soupçonné d’avoir tué un jeune couple par strangulation en 2015.

 Le suspect avait été repéré grâce à des images de vidéosurveillance.
Le suspect avait été repéré grâce à des images de vidéosurveillance. LP/OLIVIER ARANDEL

    Un homme d'une trentaine d'années a été renvoyé devant la cour d'assises de Seine-Maritime pour un double meurtre commis en 2015 à Rouen. A l'époque des faits, cet individu au lourd passé judiciaire devait être expulsé du territoire français.

    Déjà condamné pour viol en 2011, Jean-Claude Nsengumukiza est accusé du double meurtre par strangulation de Julien, 31 ans, et d'Élise, 24 ans, ainsi que du viol de cette dernière, à Rouen dans la nuit du 19 au 20 décembre 2015.

    L'homme âgé d'environ 35 ans venait tout juste d'être remis en liberté à la mi-novembre et devait être expulsé à la suite de sa première condamnation. Sa nationalité n'est pas clairement établie. Il s'est tantôt dit rwandais tantôt ougandais.

    Il avait évoqué la présence de Satan en lui

    La ministre de la Justice d'alors Christiane Taubira avait lancé une enquête administrative pour comprendre pourquoi il n'avait pas été expulsé. Selon la préfecture, « aucun rapport n'a établi la responsabilité de ses services ».

    Jean-Claude Nsengumukiza a notamment été confondu par des prélèvements ADN. Sans reconnaître formellement les faits, le suspect a évoqué, lors de l'enquête, la présence de Satan en lui.

    Il avait rencontré les deux victimes à la sortie d'un établissement de nuit de Rouen. Prétextant vouloir aider à soutenir le jeune homme passablement éméché, il a accompagné les deux amis jusqu'au studio de la jeune femme, où s'est produit le drame.

    Dominique Lemiegre, avocat des parents et des grands-parents d'Élise, a indiqué attendre désormais « une condamnation à perpétuité ». Outre la procédure pénale, il a affirmé vouloir déposer « d'ici quelques semaines une demande d'indemnisation préalable en réparation des fautes lourdes commises par l'État ».

    « Au vu de ses antécédents et de son comportement en détention, il n'aurait pas dû bénéficier d'une libération anticipée. Les services de la préfecture sont également mis en cause puisqu'ils n'ont pas pris les dispositions nécessaires pour procéder à l'expulsion de l'individu », a estimé l'avocat des parties civiles.

    De son côté, Julia Massardier, avocat du suspect, s'attend à une audience « difficile », au vu des enjeux politiques et médiatiques inhérents à ce dossier ». Elle espère que Jean-Claude Nsengumukiza sera jugé « pour les seuls faits qu'on lui reproche et non pour les fantasmes que l'on projette sur lui ».