Attentat de Manchester : mission réconciliation pour le secrétaire d'Etat américain

La journée de vendredi au Royaume-Uni sera marquée par la reprise de la campagne électorale pour les législatives, suspendue au lendemain de l'attentat, et par la venue du secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson. 

Le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson, lors d'une conférence de presse avec son homologue saoudien à Ryad, le 20 mai 2017
Le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson, lors d'une conférence de presse avec son homologue saoudien à Ryad, le 20 mai 2017 (AFP/FAYEZ NURELDINE)

    Theresa May n'a franchement pas apprécié que des éléments de l'enquête sur l'attentat de Manchester soient divulgués par la presse américaine. Elle a rappelé à Donald Trump, jeudi, en marge du dommet de l'Otan à Bruxelles, que les informations échangées entre services de renseignement devaient rester «confidentielles».

    Le président américain a immédiatement fait savoir dans un communiqué qu'il voulait «poursuivre» les auteurs de ces fuites, réaffirmant la «relation spéciale» des Etats-Unis avec le Royaume-Uni. Et il a demandé, au cours du sommet, un «moment de silence» pour les victimes de l'attentat.

    C'est dans ce contexte que le secrétaire d'État américain, Rex Tillerson, effectuera en milieu de journée sa première visite de quelques heures à Londres pour marquer la solidarité de son pays avec les Britanniques. Ce geste est censé apaiser les récentes tensions entre les deux alliés.

    La visite du chef de la diplomatie américaine intervient alors que le niveau d'alerte terroriste est porté à son niveau maximal dans le pays après l'attentat revendiqué par Daech, qui a annoncé d'autres attaques. Le groupe djihadiste, qui perd du terrain en Syrie et en Irak, a multiplié les attentats en Europe ces derniers mois.

    Theresa May sera, elle, en Sicile au sommet du G7, où elle interviendra sur la lutte contre le terrorisme. Elle doit notamment exhorter les entreprises du web à s'impliquer davantage pour éliminer les contenus extrémistes en ligne. Son déplacement a été raccourci compte tenu de la situation que traverse son pays et elle rentrera à Londres dès vendredi soir.

    La sécurité au coeur de la campagne électorale

    Par ailleurs, la campagne électorale pour les législatives, suspendue au lendemain de l'attaque-suicide contre la Manchester Arena, reprend au niveau national.

    La sécurité se trouve désormais au centre du débat politique. Jeudi, la vice-présidente du parti europhobe Ukip, Suzanne Evans, a reproché à Theresa May d'être «en partie responsable» de l'attentat en raison des coupes dans le budget de la police. Le leader travailliste Jeremy Corbyn devait de son côté souligner lors d'un discours à Londres vendredi qu'il était de la «responsabilité» des gouvernements de minimiser les risques d'attentats en donnant à la police les moyens nécessaires.

    Selon un sondage de l'institut YouGov à paraître vendredi dans le Times, les conservateurs de Theresa May seraient à 43% des intentions de vote contre 38% pour les travaillistes. La marge séparant les deux partis s'est considérablement réduite ces dernières semaines.

    «Si la sécurité et le terrorisme deviennent de grands thèmes de la campagne, celle qui pourrait y gagner ne peut être que Theresa May», ancienne ministre de l'Intérieur, a toutefois souligné le professeur en sciences politiques Seven Fielding, de l'université de Nottingham.

    La Première ministre a convoqué ces élections anticipées dans le but d'en sortir renforcée en vue des négociations de sortie de l'Union européenne qui doivent s'ouvrir peu après le scrutin.