Nîmes : prison avec sursis pour les anti-corrida qui envoyaient des lettres piégées

Les deux militants se sont dits fatigués que leurs actions pacifiques n’aboutissent pas à une prise de conscience sur la tauromachie.

 Le 3 février 2017, le torero Julien Lescarret avait reçu ce courrier rempli de lames de rasoir.
Le 3 février 2017, le torero Julien Lescarret avait reçu ce courrier rempli de lames de rasoir. Capture Instagram @julien_lescarret

    Ils avaient envoyé des lettres piégées à dix personnes appartenant au milieu de la tauromachie. Deux quadragénaires ont été condamnés mardi soir à des peines de dix et trois mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Nîmes (Gard).

    Le procureur Alexandre Rossi avait requis des peines d'un an et six mois de sursis, dénonçant des « gestes totalement stupides et irresponsables ». En février 2017, une quarantaine de personnalités du monde de la tauromachie avaient reçu des courriers contenant des lames de rasoir ou de cutter. Cinq plaintes avaient été déposées. Un an plus tard, un homme et une femme étaient mis en examen. Ils comparaissaient pour « violences et blessures avec préméditation, avec arme et en réunion ».

    Mardi, Grégory B, originaire de Montpellier, a été condamné à 10 mois de prison avec sursis, assortis de trois ans de mise à l'épreuve, obligation d'indemniser les victimes et interdiction de paraître dans des lieux de manifestations taurines.

    Un geste de « dépit, tristesse et colère »

    Cet assistant de vie âgé de 44 ans avait reconnu neuf envois contenant des lames de rasoirs ou de cutters à Arles, Nîmes, Alès, Rodilhan, Béziers et Bordeaux. Un membre d'une association destinataire avait été blessé au pouce, recevant une ITT de 7 jours.

    Très confus à la barre, Grégoire B. a assumé son geste, l'expliquant par son « ras-le-bol » de militer contre la corrida de manière pacifiste « depuis des années », « et rien ne bouge ».

    Christine M., aide à domicile de 47 ans résidant dans le Tarn-et-Garonne, a de son côté été condamnée à trois mois de prison avec sursis et 300 € d'amende pour un envoi piégé à Alès. Elle aussi a assuré avoir agi « par dépit, tristesse et colère à cause de ce qu'on fait aux taureaux et que je ne supporte plus ».

    Les deux prévenus, confondus par leur ADN et n'appartenant à aucune organisation anticorrida, n'ont pas reconnu de concertation plus large. Et ce même si des contacts téléphoniques intenses ont été enregistrés au moment des envois avec six autres personnes et qu'un total de 35 envois piégés a été adressé début 2017.