L'explosive évasion de Redoine Faïd devant la cour d'assises du Nord

Le médiatique braqueur est jugé ce lundi pour son évasion en 2013 de la maison d'arrêt de Lille-Sequedin, où il avait fait sauter 5 portes à l'explosif et pris 4 surveillants en otage.

Redoine Faïd s’était évadé le 23 avril 2013 de la maison d’arrêt de Lille-Sequedin à grand renfort d’explosif.
Redoine Faïd s’était évadé le 23 avril 2013 de la maison d’arrêt de Lille-Sequedin à grand renfort d’explosif. LP/OLIVIER ARANDEL ET PHOTOPQR/« LA VOIX DU NORD ».

    L'homme qui fut, un court instant, « le plus recherché de France » revient devant la justice. Redoine Faïd, 44 ans, est jugé à partir de ce lundi matin devant la cour d'assises du Nord pour sa spectaculaire évasion, à grand renfort d'explosifs, de la maison d'arrêt de Lille-Sequedin, le 13 avril 2013.

    Ce jour-là, vers 8h15, les épais murs de cet établissement pénitentiaire tremblent une première fois sous l'effet d'une puissante explosion. En l'espace d'à peine quinze minutes, quatre autres détonations secouent les coursives de cette prison. Le braqueur multirécidiviste, qui avait rendez-vous au parloir avec l'un de ses frères, s'est donné tous les moyens de recouvrer la liberté. Après avoir brandi une arme puis tiré à une reprise à proximité de la responsable du parloir, le détenu pose une charge de pentrite sur une première porte. Cette dernière cède sous l'effet du souffle de l'explosion.

    Dans sa fuite, Redoine Faïd prend en otage quatre surveillants pour être sûr que personne ne se mettra en travers de son chemin. Parvenu à s'extirper des murs de la prison, il est récupéré par un complice arrivé dans une Peugeot 406 avant de disparaître.

    Cette première voiture de fuite est retrouvée quelques instants plus tard, en feu, sur la commune de Ronchin, à moins de 10 km de son point de départ. Là, le fugitif monte dans un second véhicule. ll sera ensuite rattrapé, le 29 mai 2013, en pleine nuit dans la chambre numéro 38 d'un modeste hôtel de la grande banlieue parisienne, à Pontault-Combault (Seine-et-Marne). Coiffé d'une perruque pour passer inaperçu, le fugitif n'a pas eu le temps de s'emparer de son pistolet automatique 9 mm posé à ses côtés. Un de ses complices — Hassan Bourouas, 32 ans —, qui lui a servi d'homme de main pendant ses 46 jours de cavale, est également arrêté dans la même chambre.

    Encore des mystères

    Trois autres comparses — les frères Abd El Nour et Mohamed Yahiaoui, 26 et 27 ans, dont le plus âgé est un ancien compagnon de détention à Lille-Sequdin, ainsi que Fouad Almesaoudi, 33 ans — sont également renvoyés devant la cour d'assises du Nord, à Douai.

    En revanche, le mystérieux conducteur de la Peugeot 406 — achetée au Danemark — venu le récupérer n'a pas pu être identifié. Tout comme celui ou ceux qui ont permis au braqueur de se fournir en explosifs et arme, nécessaires à son évasion.

    Interrogé sur ce point, Redoine Faïd, originaire de Creil (Oise) et déjà condamné par le passé pour le braquage d'un fourgon blindé en juillet 1997 à Villepinte (Seine-Saint-Denis), a affirmé qu'il avait récupéré ce matériel « auprès d'un détenu, ce dernier le tenant lui-même d'un autre détenu » qui voulait s'échapper. Mais ce dernier n'aurait pas pu mettre son plan à exécution, pris de court par son transfert vers une autre prison...

    « Mon client sait qu'il encourt une peine extrêmement lourde, rappelle son avocat, Me Christian Saint-Palais. Il assume ce qu'il a fait et n'a pas de revendication particulière. Il souhaite juste pouvoir verbaliser les raisons qui l'ont poussé à agir. »