Procès du drame de Millas : cinq ans de prison requis contre la conductrice du bus, dont quatre avec sursis

Jusqu’au bout, les avocats de la conductrice du car scolaire percuté par un TER à un passage à niveau en décembre 2017 ont maintenu que les barrières étaient levées par erreur. Dans son réquisitoire, ce mercredi, le procureur a estimé que la prévenue avait commis une faute de conduite et refusait de le reconnaître. Six collégiens avaient péri dans la collision.

Les avocats de la conductrice du car scolaire percuté par un TER à Millas en 2017 ont plaidé la relaxe. Le jugement du tribunal correctionnel de Marseille a été mis en délibéré au 18 novembre à 14 heures. AFP/Raymond Roig
Les avocats de la conductrice du car scolaire percuté par un TER à Millas en 2017 ont plaidé la relaxe. Le jugement du tribunal correctionnel de Marseille a été mis en délibéré au 18 novembre à 14 heures. AFP/Raymond Roig

    Cinq ans de prison dont quatre avec sursis assortis d’une obligation de soins et d’indemniser les victimes, mais aussi l’annulation de ses permis de conduire, l’interdiction de les repasser pendant cinq ans et une interdiction définitive d’exercer une activité dans le transport routier ou avec des enfants. Au procès du drame de Millas, toujours en l’absence de l’unique prévenue Nadine O., la conductrice du bus scolaire percuté par un TER le 14 décembre 2017 sur un passage à niveau dans les Pyrénées-Orientales, le premier vice-procureur de Marseille Michel Sastre a longuement développé ce mercredi 5 octobre sa vision d’une responsabilité unique dans le drame qui avait six morts et 17 blessés parmi de jeunes collégiens. La défense est restée sur ses positions d’une barrière ouverte et donc d’une relaxe.

    « Mémoire traumatique ou mensonge ? » s’est interrogé le procureur dans son réquisitoire mesuré. « Ce drame est le résultat de la routine, un mot que Mme O. n’a jamais accepté. L’accident est la conséquence de sa faute de conduite. Elle s’est contentée de déduire que la barrière était en position levée, ce n’est pas la vigilance que l’on peut attendre d’un conducteur professionnel », a justifié le représentant du parquet, pour qui expertises et témoins directs confirment que cette barrière était bien baissée avant d’être poussée par le car à 12 km/h. « La seule qui n’a pas eu de doute dans ce dossier, c’est Nadine O., qui, dans son entêtement, veut fonder une posture sur quelques rares témoignages qui ont été remis en cause à l’audience. »

    « Son cerveau lui interdit d’avoir des doutes »

    Reprenant les témoignages d’employés de la société Saur présents de l’autre côté du passage à niveau, de certains collégiens et des conducteurs du TER, le magistrat a également insisté sur l’expertise psychiatrique de Nadine O. évoquant son « déni » : « Son cerveau lui interdit d’avoir des doutes, elle doit être victime comme les enfants ». Il a justifié ses réquisitions au vu des « vies d’enfants qui ont été ôtées, de la santé physique et psychologique d’enfants qui ont été lourdement ébranlées et des familles qui ont été anéanties ».



    En face, les avocats de la défense de Nadine O., transférée en clinique psychiatrique après son hospitalisation, ont eux plaidé la relaxe. « Je veux convaincre qu’il peut y avoir une réponse judiciaire dans la relaxe de Nadine O. », insiste Me Jean Codognès, qui a également remis en cause l’impartialité des rapports des experts dont il a demandé le rejet.

    « Il y a dans les Pyrénées-Orientales, non pas une rumeur, mais une conviction sur le fait que les passages à niveau 25 et 26 enregistraient des dysfonctionnements récurrents », a-t-il repris, citant plusieurs témoignages de riverains et provoquant la colère des parties civiles. « En pays catalan, la SNCF entretient ses voies de façon désinvolte. Je suis en train de vous plaider un doute, d’ouvrir une porte qui n’a pas été explorée ».

    « J’ai bien conscience que les parties civiles sont frustrées, elles étaient venues avec une demande : que Nadine O. reconnaisse les faits », a poursuivi Me Louis Fagniez, qui a pointé des contradictions dans les témoignages. « La défense n’a jamais dit autre chose que la vérité de Nadine O., qui n’a jamais varié depuis le début de l’enquête. Aucune conclusion technique ne vient démontrer un contact entre la barrière et l’avant du bus, et pourtant c’est ce qui va fonder les poursuites. »

    Le jugement du tribunal correctionnel de Marseille a été mis en délibéré au 18 novembre à 14 heures.