Procès requis après le suicide d’Evaëlle : « Que cela fasse jurisprudence pour les profs », demande son père

Sébastien Dupuis, le père d’Evaëlle, qui s’est donné la mort à 11 ans après avoir été victime de harcèlement, espère la tenue d’un procès après les réquisitions du procureur de Pontoise (Val-d’Oise) visant une enseignante et deux collégiens.

Herblay (Val-d'Oise), le 13 mars 2020. « Il faut que les enseignants fassent attention à ce qu’ils disent aux enfants, estime Sébastien Dupuis (ici au côté de sa femme, Marie). Pour Evaëlle, la professeure a continué malgré tout… ». LP/Olivier Corsan
Herblay (Val-d'Oise), le 13 mars 2020. « Il faut que les enseignants fassent attention à ce qu’ils disent aux enfants, estime Sébastien Dupuis (ici au côté de sa femme, Marie). Pour Evaëlle, la professeure a continué malgré tout… ». LP/Olivier Corsan

    C’est une perspective rare mais désormais probable : une professeure risque un procès devant un tribunal correctionnel pour avoir harcelé plusieurs de ses élèves. Ce sont en tout cas les réquisitions du procureur de Pontoise, cinq ans après la mort d’Evaëlle, à Herblay (Val-d’Oise), le 21 juin 2019. La collégienne n’avait que 11 ans lorsque son père l’avait retrouvée pendue à sa mezzanine avec un foulard. L’adolescente qui s’isolait de plus en plus avait fait une première tentative de suicide six mois plus tôt. Ses parents avaient pourtant remué ciel et terre avant le drame, saisissant l’administration du collège, contactant l’enseignante, les parents d’élèves et la police qui déclenchait une première enquête à la suite de leur plainte.

    À l’issue de l’instruction judiciaire, le procureur de Pontoise estime qu’il y a des charges suffisantes pour renvoyer devant le tribunal correctionnel l’enseignante de français. Selon lui, elle a bien harcelé Evaëlle, « en l’humiliant régulièrement devant la classe » et en l’isolant. Le parquet estime qu’elle doit également répondre de harcèlement à l’encontre de deux autres élèves, également rabaissés. Soupçonnés d’avoir pris le relais de la professeure, dont le comportement est qualifié de « déclencheur puis catalyseur », deux collégiens doivent répondre de harcèlement devant un juge des enfants, selon le procureur. Ils n’avaient pas 13 ans au moment des faits.